Je suis reparti d'Hanoï le mercredi 26 janvier. J'ai a peine roulé 10 minutes que je m'aperçois que mon compteur a disparu. Il a du tombé au départ. Je refais le chemin en sens inverse mais rien, et pas plus devant l'hôtel. J'hésite a repartir sans mais, outre la satisfaction de connaître les kilomètres parcourus chaque jour, ce petit objet me sert pas mal pour l'orientation. Si je sais qu'il existe une ville ou je peux manger dans 26 km, je peux savoir après quelques temps si j'en suis encore loin, par exemple. Bref, je décide d'en acheter un nouveau. Une merde chinoise pour dire les choses clairement. Le temps de trouver mon « bonheur », de l'installer et de repartir, je sors de la ville a midi, après avoir déjeune au bord de la route.
Des que je franchis le fleuve, je suis a la campagne. Les petites routes, généralement perchées sur une digue, m'amènent tranquillement vers le Sud. Quelques églises plutôt imposantes (et récentes) se distingue ici et la. Je retrouve la joie d'un vrai coin de camping sauvage, au bord d'un champs. Ici l'utilisation de l'espace n'est pas aussi stricte qu'en Chine.
J'ai également vu le soleil pendant 5 minutes ! Ça faisait longtemps... mais ca n'a pas duré.
J'atteins facilement Ninh Bin d'où je vais repartir des le lendemain pour visiter le site de Tran An, aussi appelé baie d'Halong terrestre, mais qui mériterait plutôt l'adjectif « lacustre », puisque la visite consiste a circuler en barque pendant 2 heures entre les pitons rocheux couverts d'une végétation luxuriante. Je traverse 9 grottes servant de passages entre les escarpements, visite 2 temples. Ça vaut définitivement le coup d'œil.
J'atteins dans la même journée le parque naturel de Cuc Phong. Après une nuit dans un bungalow, je reprends le vélo pour m'enfoncer de 20 km a l'intérieur du parc et faire un petit treck de 2h. L'endroit est incontestablement charmant : grottes et arbre géants, végétation anarchique et quelques beaux oiseaux et papillons.
J'ai la chance de voir un arbre de 1000 ans !
Malheureusement, la seule route praticable est celle que j'ai pris en venant, je ne vais donc pas pouvoir traverser le parc de part en part comme j'espérais le faire. Je ressors donc du parc par cette voie et amorce un grand tour pour récupérer la route Ho Chi Minh. J'y arrive le lendemain, après avoir longé un lac bordant les montagnes du parc.
Commence alors la véritable descente vers Hue. La route est impeccable, peu passante et même déserte dans certains coins. Les paysages sont variés : parfois cultivés, parfois sauvages. Mais je vais avoir quelques problème avec les vietnamiens. Après 2 jours plutôt tranquilles ou je passe surtout mon temps a rouler, je vais en effet faire les frais du laché-prise de certains locaux a l'occasion du Tet, le nouvel an.
La veille du premier jour de cette célébration, qui s'étale du mardi au dimanche, je me vois contraint de faire une chose pour la première fois du voyage : replier la tente et changer d'endroit une fois la nuit tombée. Après avoir pas mal tourné, je m'étais décidé pour un petit coin en surplomb de la route. J'y reçu la visite des voisins, qui revinrent bientôt avec un cousin parlant anglais et complètement saoul. L'échange est sympathique mais tourne vite en rond. Je refuse leur invitation a dormir dans la maison, car la soirée risque de durer jusqu'au petit matin et c'est l'assurance de peu dormir et de voir mon vélo et mes bagages divertir les convives toute la nuit. L'anglophone pars finalement mais reviens et ne me lâche plus, a coup de « vietnamese people very friendly !! ». Je finis par dire les choses clairement : je suis fatigué, je veux rester seul et aller dormir. Ça le frustre dans son plaisir de parler anglais (malgré son état) donc il finit par me menacer. Si je ne viens pas avec lui et sa famille, ses frères vont venir dans a nuit et … la suite est confuse mais le geste du pouce allant d'une oreille a l'autre en suivant la gorge est plutôt explicite. La menace n'a rien de sérieuse. D'ailleurs, lorsque je m'énerve un peu, il refuse de dire qu'il me menace de quoi que ce soit. Je n'ai pas peur pour ma sécurité mais j'ai par contre de bonnes raisons de penser qu'on ne va pas me laisser dormir toute la nuit tranquillement. Pensant lui faire réaliser son impolitesse et le faire se rétracter, je me braque et commence a ranger mes affaires en disant que je vais aller dormir ailleurs, chez des gens plus accueillants. Il n'a pas le sursaut escompté et continue a tourner en rond avec des « vietnamese people very friendly !! » donc je fini réellement de plier bagages, dans la nuit noir (heureusement que j'ai fait ces gestes des centaines de fois !). Il s'éclipse juste avant que j'aie terminé. Je fais 3 km en arrière et redéplois tout mon bazar, pour la seconde fois de la soirée, me contentant du bas-coté de la route (protégé par une rambarde de sécurité).
L'arbre ornementale obligatoire pour le Tet.
(la coiffure catastrophique du jeune homme n'est malheureusement pas une exception)
Suivent 5 jours ou mon empathie pour les vietnamien est mise a rude épreuve. Dans le désordre : « Hello » toujours compulsifs, cailloux jetés sur ma tente par des enfants, adolescents excités qui m'aboie dessus en vietnamien, type qui m'arrache presque mon porte-monnaie des mains, par curiosité, hommes qui enfourchent le vélo sans aucune précaution, attentat (sonore) de coup de pétard géant a 2 mètres de mes roues, hordes d'enfants me suivant en vélo sur plusieurs kilomètres, le même manège en scooter pour les plus âgés, certains me demandant de l'argent, marchande qui me demande sans honte le prix d'un repas pour trois petits œufs de ses poules... Mon agacement culmine deux fois avec des provocations qui dépassent les bornes.
La première fois, un adolescent bourré me poursuit en scooter et donne un coup de pied dans mes sacoches parce que je ne m'arrête pas. Du coup, je m'arrête, hors de moi, prêt a corriger l'ivrogne comme il le mérite mais il décampe aussitôt. Le propriétaire du véhicule revient d'ailleurs en courant vers son ami en criant des « Sorry !Sorry ! », récupère le contrôle de l'engin (a défaut de celui de son ami) et poursuit sa route sans trainer.
La seconde fois, un adolescent, sobre semble-t-il, jette sa cigarette allumée sur moi lorsque je passe. Je m'arrête, ramasse son projectile pour aller lui faire avaler devant ses amis mais il s'enfuit en courant aussi loin qu'il peut. L'assistance me regarde sans que je puisse dire s'ils sont gênés, désolé pour moi ou dubitatif devant ma réaction a ce qui n'a peut être rien d'une provocation grave chez eux (sans parler d'un geste dangereux !). Incompréhension totale. J'ai beau leur chercher des excuses (le Tet notamment, et l'alcool en particulier), je peine a avoir encore la moindre sympathie pour ce peuple en général. Jamais de telles choses ne me sont arrivées avant et pourtant j'ai croiser mon quota d'ivrognes en ex-URSS ! Mais, preuve que l'extravagance des uns et des autres peut aussi être amicale, deux jeunes s'arrêtent a mon niveau en scooter, me souhaitent la bonne année en me mettant un petit billet dans la main et en repartant immédiatement. C'est de l'argent porte-bonheur, pratique courante entre les vivants et aussi a l'attention des morts. On voit d'ailleurs de la nourriture, de l'encens et des billets (vrais ou faux, les morts ne s'embarrassent pas de ce genre de détails) partout sur les tombes et les autels.
Il y a bien sur quelques rencontres sympas, dans certaines boutiques ou lorsque, chaque soir, je demande de l'eau du puits a une famille. Mais ce n'est certainement pas celles dont je vais me souvenir, car ces rencontres-la, j'en ai quotidiennement ou presque dans chaque pays !
J'apprécie quand même certains passages, en pleine foret vierge, et quelques beaux oiseaux et papillons (parfois d'une taille impressionnante). Mais je profite globalement assez peu de ces journées et roule pas mal : 723km en 7 jours, je pense bien que c'est mon record !
25/01/2011 | J | 274 | 0 | km | 0 | h | 0 | | Hanoï | Dortoir |
26/01/2011 | J | 275 | 83 | km | 5 | h | 15 | 15.81 | | Camping sauvage |
27/01/2011 | J | 276 | 70 | km | 4 | h | 0 | 17.5 | Ninh Bin | Hôtel |
28/01/2011 | J | 277 | 55 | km | 3 | h | 50 | 14.35 | | Hôtel |
29/01/2011 | J | 278 | 54 | km | 3 | h | 44 | 14.46 | | Camping sauvage |
30/01/2011 | J | 279 | 107 | km | 6 | h | 37 | 16.17 | | Camping sauvage |
31/01/2011 | J | 280 | 100 | km | 6 | h | 10 | 16.22 | | Camping sauvage |
01/02/2011 | J | 281 | 101 | km | 6 | h | 58 | 14.5 | | Camping sauvage |
02/02/2011 | J | 282 | 97 | km | 6 | h | 17 | 15.44 | | Camping sauvage |
03/02/2011 | J | 283 | 94 | km | 6 | h | 13 | 15.12 | | Camping sauvage |
04/02/2011 | J | 284 | 118 | km | 7 | h | 22 | 16.02 | | Camping sauvage |
05/02/2011 | J | 285 | 106 | km | 6 | h | 8 | 17.28 | Hue | Dortoir |
Pour rendre les choses un peu plus funky, j'ai une sale angine qui me troue la gorge et les petits restaurants bordant la route sont tous fermés a cause du Tet, donc je survie toute la journée en grignotant des cochonneries sous plastique et des bananes...
Je suis donc content d'arriver a Hué. L'auberge est accueillante et festive. La plupart des gens s'arrêtent ici un jour ou deux pour visiter une pagode et une citadelle célèbres. J'y passe un peu plus longtemps pour attendre le renouvellement de mon visa vietnamien, dont le staff de l'hôtel se charge pour moi. Entre internet, les rencontres, les courses diverses et l'habituel entretien du matériel a chaque pause, je n'ai pas encore eu le temps d'aller passer une journée a la plage, ce qui est bien dommage car j'ai enfin franchi la limite nuage-soleil de l'hiver vietnamien. Le jour même de mon arrivée a Hué, j'ai laissé les nuages gris derrière moi et vu un vrai soleil d'été s'installer durablement. Donc ca y est, pour la première fois de ma vie, j'expérimente l'hiver en tee-short ! C'est pas mal ! Bon il faut dire que j'ai trainer un faux automne depuis le Kazakhstan, avec de vrai passage d'hiver selon les altitudes, donc l'un dans l'autre, mes saisons sont déréglées depuis longtemps déjà...
Dans la citadelle de Hué, charmant mélange de ruines et de raffinement.
voilà pour les nouvelles fraiches. J'espère que vous les avez savourées car je viens d'écrire pendant 2h en cherchant mes mots car le cyber (et mon cerveau avec) est empli d'une mauvaise dance-musique vietnamienne a plein volume ! Mais ils sont sympas, toutes les demie-heures environ, ils changent le morceau qui tourne en boucle...
Je posterai probablement a nouveau de Hoi Han, avant que je reprenne la piste Ho Chi Minh vers le Cambodge.
Merci pour vos messages et commentaires. Profitez des autres photos dans l'album "Vietnam", sur votre gauche.
A bientôt.