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Présentation

Ce blog présente mon voyage à vélo d'avril 2010 à avril 2011. Au départ projet de tour du monde sur 2 ans, par l'Asie et les 2 Amériques, il s'est finalement arrêté en Asie. C'est un voyage en solitaire, sur un vélo couché (Pioneer), que j'ai tenté de faire vivre a travers ce blog.
Bonne lecture.

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Europe

Asie

 

 

26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 07:16

 

Je quitte donc Erzurum au petit matin, après une énième réparation de chambre a air... Depuis que j'ai commencer les crevaisons en Cappadoce, ça ne me quitte plus. Sans doute de micro-épines restée dans les pneus malgré mes tentatives de nettoyage.

Je commence par me casser les dents sur une large route en travaux avec un fort vent de face, mais très vite, je trouve la bifurcation que je souhaitais vers les montagnes... et je commence a grimper, un peu, sans plus. Je sens quand même la fatigue de la nuit blanche et je me gave de sucrerie pour trouver un peu d'énergie. Une fois la vallée derrière moi, le paysage change très vite et m'offre de superbes alpages plutôt escarpés. Sans vraiment m'en rendre compte, j'arrive en haut, ou un panneau avec le nom du col et son altitude m'indique que j'ai dépassé 2000m. Puis ça commence a descendre, un peu, beaucoup, terriblement. Je n'avais pas vraiment vu sur la carte que j'allais descendre autant. Je sais qu'il me faudra remonter tout ça le lendemain mais j'en profite quand même. Le vélo sans pédaler, c'est tellement jouissif que ça devrait être un privilège divin ! Et effectivement, je ne pédale (presque) plus jusqu'au soir. Je vise un grand lac visible sur la carte, pour le soir, mais quand j'y arrive, surprise, la route qui le longe monte abominablement haut au-dessus de lui. Ça me permet quand même quelques belles photos.


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Ca a de la gueule, non ?

Une fois de l'autre cote, je trouve un petit coin tranquille ou je peux poser la tente et me baigner. Je mange et tombe de sommeil dans la foulée. 121 km en 7h06 quand même !

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La fatigue du car est encore la au matin et j'avoue que je glanderai bien une journée entière dans ce petit coin charmant. Je passe la matinée a m'occuper du vélo, bouquiner, écrire une ou deux cartes postales puis je vais demander de l'eau a une maison un peu plus loin mais il s'avère que c'est un restaurant. Donc restau... qui m'arnaque grossièrement en me demander 25 Lira (13 euros) pour un kofte. Je paye en gueulant, donc il me rend 5 Lira mais ça fait toujours 10 de trop... A chaque fois qu'on essaye de me plumer, je fais la grimace mais je paye, maudissant ma bonne éducation qui m'empêche de faire un scandale ou même de partir en laisser ce que j'estime juste (encore faut il avoir de la monnaie). Mais je me soigne !

Je repars donc, ça descend encore et encore. Les roches nues qui m'accompagnent de chaque cote de la route se resserrent de plus en plus et j'avoue que j'ai penser finir la journée au centre de la terre. Mais quelle beauté ! A vous faire regretter de ne pas être géologue !

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Vers 600m, je bifurque et commence a remonter une nouvelle vallée, tout aussi belle. Je me pose tôt, officiellement a cause de la pluie (pas bien méchante en faite), officieusement car je suis complètement pris dans un roman ( Les révoltés du Bounty). Mon aventure me paraît bien ennuyeuse a coté!

Je finis d'ailleurs le bouquin le lendemain midi et repars avec Tahiti et la marine anglaise dans la tête...

La nuit suivante n'est pas génial et je me réveille nauséeux. Pas de doute, c'est une indigestion. La boite de concentré de tomate ouverte il y a quelques jours a due tournée... Délogé par le soleil qui chauffe la tente comme un four, je fais péniblement 5 km en arrière pour aller trouver un point d'eau et une mosquée ou demander asile. Celle-ci est fermée mais, comprenant mon état, le voisin me propose une pièce de sa maison ou je vais dormir tout la journée et la nuit suivante en laissant faire les antibiotiques et en tentant de récupérer progressivement l'usage de mon système digestif...

 

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Mes bienfaiteurs


Je repars le lendemain matin, guéri mais un peu faible car je ne peux pas manger autant que d'habitude... Je me traine toute la matinée et c'est seulement a midi que je comprends que je viens de gravir 900m de dénivelé. Après un petit restau ou je trouve du riz (et ou je paye le vrai prix!), je cherche un coin a l'ombre pour laisser passer la chaleur du début d'après-midi mais point d'arbre a l'horizon pendant des km. Je m'abrite finalement au coin d'une maison abandonnée et passe un moment avec les officiers d'un char posté la, qui m'offrent de l'eau et des biscuits. Même sorti des montagnes, les paysage sont encore beaux.

Le lendemain, ça redescend enfin un peu. Mais vers 15H, il me faut trouver ce l'eau et un coin tranquille car le contre coup de l'indigestion se transforme en belle tourista en bonne et due forme. Quelqu'un la haut a décidé que je ne traverserai pas la Turquie en buvant l'eau du robinet sans au moins une journée de colique !

 

Le lendemain, je me soigne au riz et je vais même jusqu'à prendre la plus infâme des médecines : le coca-cola ! Au moins, ça semble efficace et je fais le tour d'un grand lac très paumé avec beaucoup de plaisir :

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Arrivé de l'autre cote, je demande mon chemin pour la frontière d'Aktas. On me répond qu'elle est fermée. Il me faut aller jusqu'à Posof. Bon... Premièrement, j'avais prévu la frontière de Posof dans l'itinéraire originel. Deuxièmement, je savais que la frontière d'Aktas était bien plus petite et pouvait se retrouver fermée. Troisièmement, j'aurai pu demander a quantité de personnes avant de finalement décider d'aller vers celle-ci... Mais que voulez-vous ? « Quand on est con... »

J'ai donc fait un détour de 200 km, mais c'était bien joli. Et je reste dans les temps pour arriver a la frontière azéri a temps... Donc c'est pas bien grave...

Je loupe quand même un endroit qui a l'air assez fabuleux :

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Il y a un chateau en ruine au fond

Mais mon coin pour ce soir la n'est pas mal non plus, avec vu sur le pentes vertes foncees d'en face.

Le jour suivant est marque par l'ascension d'un joli col (2540m, mais je suis parti de 2000m seulement) qui m'offre de superbes vues. Les touristes turcs en visite dans la région me prennent en photos. Certains bergers aussi, quand d'autres m'arrêtent en pleine cote pour me demander une clope !

Le soir venu, je suis a quelques km de la frontière géorgienne.



Bilan

La Turquie est sans conteste le plus beaux pays traversée jusqu'ici. L'accueil des gens est super et le pays n'est pas si cher. Et il y a tellement a voir !

On m'avait mis en garde contre les chiens. Les chiens errants on trop peur car ils ont l'habitude de recevoir des pierres. Sauf quand ils sont en meute, mais ils aboient et vous courent après mais n'ont jamais essayé de me mordre. Les chiens domestiques peuvent être plus agressifs mais dans les deux cas, ils ne font que défendre un territoire, donc il suffit de continuer a rouler et de sortir de cette zone. Il n'y a pas de mauvais chiens, ils n'y a que de mauvais maitres !

Mais j'aurais volontiers doubler le nombre de chiens pour diminuer celui des enfants et ado. Si seulement une minorité m'a cause des soucis (jets de pierre ou tripatouillages du vélo), je ne suis pas prêt d'oublier ce mois sans béquille ! Sales gosses !

J'ai presque exclusivement bu l'eau du robinet. A Istanbul, elle a vraiment un sale goût, et plusieurs personne ont eu la tourista dans mon hôtel. Mais mon estomac s'est sans doute habitué progressivement aux eaux de qualité moyenne en traversant l'Europe. Dans les montagnes, il n'y a pas de soucis, l'eau de source est probablement meilleure que celle que vous avez chez vous. Enfin, ceci est juste mon expérience, protégez-vous quand même, surtout si vous débarquez d'un avion...

Un point positif pour la Turquie : il y a toujours un turc pour vous aider. Point négatif : il y a toujours un turc ! ;) Ma mère s'inquiétait dans un mail en supposant que j'avais du traverser des contrées un peu désertes. Rien de plus faux. Ce pays est grand mais rempli de gens. C'est parfois dur de trouver un coin sans personne pour planter la tente ou satisfaire un besoin naturel.

Bref : a pied, a cheval, en vélo ou en ce que vous voulez, visitez la Turquie !

 

DATE

KM


Moyenne du jour Ville Nuit Vélo
7/07/2010 J 72 89 5 h 55 15,04
Camping sauvage
8/07/2010 J 73 49 2 h 55 16,8
Camping sauvage
9/07/2010 J 74 70 4 h 28 15,67
Camping sauvage
10/07/2010 J 75 78 5 h 7 15,24 Istanbul Hôtel
11/07/2010 J 76 0 0 h 0
Istanbul Hôtel
12/07/2010 J 77 0 0 h 0
Istanbul Hôtel
13/07/2010 J 78 0 0 h 0
Istanbul Hôtel
14/07/2010 J 79 0 0 h 0
Istanbul Hôtel
15/07/2010 J 80 0 0 h 0
Istanbul Hôtel Installation de la roulette guide-chaine
16/07/2010 J 81 0 0 h 0
Istanbul Hôtel
17/07/2010 J 82 20 1 h 44 11,54
Camping sauvage
18/07/2010 J 83 68 4 h 20 15,69 Iznic Camping sauvage Casse de la chaine
19/07/2010 J 84 69 4 h 24 15,68 Bilecik Camping sauvage
20/07/2010 J 85 35 3 h 15 10,77
Camping sauvage Renfort et fixation des tubes de chaine
21/07/2010 J 86 101 5 h 41 17,77 Eskisehir Camping sauvage
22/07/2010 J 87 60 4 h 6 14,63 Ayazini Camping sauvage
23/07/2010 J 88 87 4 h 48 18,13 Afyon Camping sauvage
24/07/2010 J 89 92 5 h 58 15,42
Camping sauvage
25/07/2010 J 90 94 5 h 35 16,84
Camping sauvage
26/07/2010 J 91 96 5 h 39 16,99 Cihanbeyli Camping sauvage Casse de la béquille ( *»##*&%*@!!)
27/07/2010 J 92 108 6 h 12 17,42
Camping sauvage Casse de la béquille réparée..
28/07/2010 J 93 41 3 h 6 13,23 Belisirma Camping payant
29/07/2010 J 94 87 6 h 8 14,18
Camping sauvage
30/07/2010 J 95 75 5 h 32 13,55 Goreme Camping sauvage
31/07/2010 J 96 64 4 h 52 13,15
Chez l'habitant
1/08/2010 J 97 41 2 h 30 16,4 Kayseri Bus
2/08/2010 J 98 121 7 h 6 17,04 Erzurum Camping sauvage
3/08/2010 J 99 28 1 h 25 19,76
Camping sauvage Changement des patins arrière
4/08/2010 J 100 76 5 h 43 13,29
Camping sauvage
5/08/2010 J 101 5 0 h 18 16,67
Chez l'habitant
6/08/2010 J 102 72 7 h 32 9,56 Gole Camping sauvage
7/08/2010 J 103 55 3 h 43 14,8
Camping sauvage Redécoupage de la gaine de dérailleur avant
8/08/2010 J 104 73 5 h 59 12,2
Camping sauvage Remplacement de la pile du compteur
9/08/2010 J 105 93 6 h 49 13,64 Damal et Posof Camping sauvage

 

 

TOTAUX TURQUIE
34 jours 1947 km
130,83 h          CUMUL :
6830 km 15,03 km/h

 

 


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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 07:51



Je situe mon arrivée en Cappadoce le jour ou j'y atteins la vallée d'Ilhara. Une véritable oasis de verdure et de fraicheur dans une faille de 15 km de long creusée profondément dans un plateau. Après avoir pose mon vélo dans un restaurant qui accepte les campeurs, je part donc explorer la dizaine d'églises troglodytes installées par les premiers chrétiens entre les IVe et XIe siècles, a l'abri des regards indiscrets. Les fresques ont été abimées par le temps et surtout dégradées par les graffitis et les vandales, mais voir ses scènes d'évangiles et ces animaux mythologiques peints il y a 1000 ans, ça reste quelque chose.

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La vallee vue du plateau

 

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Le lendemain sera surtout consacré a la route qui me sépare du cœur de la Cappadoce et marqué par l'ascension de 2 cols sympathiques. Un sale gosse, pour impressionner ses camarades, me lance une grosse pierre qui heureusement ne me touche pas. M'étant trompé de route (c'est plutôt la route qui m'a trompé, je n'ai pas encore compris comment, car je suis sur d'avoir pris la bonne direction !), je fini la journée dans un endroit bien moche mais qui se révèle a la nuit tombée assez poétique avec les lumières du village sur l'horizon, les étoiles et surtout une gigantesque moissonneuse-batteuse œuvrant en pleine nuit a la lumière de ses phares, puissants et nombreux. Une vrai « rencontre du troisième type » !

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Les paysages redeviennent superbes le jour suivant avec la visite de la vallée de Soganli, des beaux plateaux, puis Urup et finalement Goreme, joyau parmi les joyaux. Ces roches blanches, grises ou roses, tout en courbes et en ondulations. Ces petites niches creusées par l'homme. Ces cheminées de fée. Je crapahute un peu en vélo, un peu a pied, et me pose discrètement au cœur d'une des vallées.

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Au matin, j'ai le droit a un réveil de bonne heure par des bruits de chalumeaux... Je mets un moment a comprendre que ce sont les montgolfière, qui décollent avant le levée du soleil. Moment magique, que j'apprécie en compagnie d'un chacal qui passe devant moi tranquillement.

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Ce n'est qu'une fois le velo charge et prêt a partir que je me rend compte que j'ai creve a l'arriere. Apres plus de 6000 km sans crevaison, je vais pas pleurer ! D'autant que j'ai un peu fait le foufou hors des sentiers l'availle et qu'une bonne partie de ce qui pousse en Turquie semble avoir des epines... En realite, je me taperai plus de 5 reparations ce jour-la, avec souvent plusieurs rustines a coller a chaque fois ! Je me ballade dans les environ, faisant le tour des vallees a voir, puis file vers Kaiseri ou un bus doit me permettre de gagner 15 jours de voyages (car il me reste seulement16 jours pour arriver a la frontiere azerie).

Ce soir la, cherchant en pleine campagne un coin plat et sans trop d'épine pour la nuit, une femme m'interpelle d'un balcon par un « Bonjour » bien francais ! Il s'agit d'un couple ayant vecu en france 30 ans et etant maintenant revenu dans leur region d'origine. Je passe une excellente soiree en leur compagne et dors dans la maison.

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Bye bye, Cappadoce !



La lendemain, je rejoins Kaiseri ou je passerai l'apresmidi a attendre mon car en squantant internet et en reparant a nouveau plusieurs fois mes chambres a aire. Ayant epuise mon stock de rustine en 2 jours, j'en trouve de nouvelles avec un emballage dignes des plus grands poetes du marketing russe des annee 50 :

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Le bus est correct, mais difficile de dormir car ça secoue pas mal. On me lâche a 4h30 du matin au bord de la gare routière d'Erzurum. J'aurais pu aller a Kars, encore plus près de la frontière géorgienne, mais les montagnes entre les deux ont l'air vraiment chouette. Après avoir remonter les parties du vélo enlevées pour le transport, je mange un morceau sur un banc, tout en étant ausculté par un groupe de turcs. Je leur explique le voyage et le vélo avec les quelques mots de turc que je maitrise maintenant, a force, mais j'ai surtout envie d'être pénard... Pour vous faire comprendre a quoi ça peut ressembler, dites vous que l'un d'eux, ayant vu que mes pédales étaient particulières, n'hésite pas a prendre mon pied pour le soulever et regarder en dessous les cales métalliques... Alors que je mangeais, jambes croisées sur mon banc...

Plus on s'éloigne de chez soi, plus se font grandes les différences dans ce que l'on considère comme correct ou non dans les rapports entre les gens. L'intimité est une des lignes qui bouge le plus. Si seul la tente arrêtait les turcs, en général, ça ne sera plus le cas en Azerbaïdjan, ou par contre on m'a toujours laissé manger tranquille une fois mon plat servi. Le voyageur doit acquérir une grande souplesse dans ses manières et surtout dans l'acceptation des manières des autres a son égard, au risque d'avoir le sentiment désagréable de voyager parmi les « rustres » et les « barbares »... Sans tomber dans l'excès inverse et se laisser voler ou marcher sur les pieds non plus.

Sur ce, voici pour la Cappadoce. C'était rapide mais intense et j'ai fait le plein de paysages lunaires. Mais ce qui m'attend après Erzurum est pas mal non plus.

 

 

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Pour ce qui est des nouvelles fraiche. Mon visa chinois ne peut être fait a Bakou et le kazakh sera prêt dans l'après-midi; ce qui est un mauvais timing car le bateau part ce midi... Le prochain sera dans 2 jours si j'ai de la chance, dans une semaine si j'ai pas de chance, a 20 $ la nuit ! Mais bon, il me reste beaucoup a vous écrire alors dans un sens ça tombe bien pour vous !



Bises et a plus.



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23 août 2010 1 23 /08 /août /2010 12:25

 



Je repars donc d'Istanbul avec Rahel pour compagne de voyage. Le départ, comme c'est souvent le cas, est un peu ratée car nous n'avons pas pris de billet a l'avance pour le bateau qui doit nous faire traverser le Bosphore et lorsque nous arrivons, les 3 prochains trajets sont complets... La traversée se fait donc en milieu d'après-midi seulement et le temps de faire quelques courses une fois de l'autre cote, nous roulons a peine plus d'une heure sur une voie rapide en bouchon... Ce qui nous permets de dépasser voitures et camions alors que la route monte pas mal ! Ce premier bivouac sera très sympa, avec une belle vue sur la descente qui nous attend le lendemain.

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Rahel et moi avons chacun nos habitudes de voyage et, pour le meilleur et pour le pire, nous allons nous nourrir des différences de l'autre pendant une semaine. Grâce a elle, j'apprends par exemple que ce n'est pas la fin du monde si je ne suis pas couché en même temps que le soleil (notamment parce que cela permet d'observer le ciel étoilé) et qu'un feu c'est bien sympa le soir pour cuisiner et discuter autour.



Le jour suivant sera bien rempli. Pour avoir fait tomber mon compteur au départ le matin, je dois retourner un peu sur mes pas. Puis nous pic-niquons au bord d'un lac, un peu écrasés par la chaleur mais sans oser se baigner étant donnée la couleur de l'eau. Vient ensuite une petite visite d'Iznic, célèbre pour ses céramiques et ou on nous offre le thé. Nous repartons donc seulement en milieu d'après-midi de la ville pour un col qui promets d'être sévère.

On avance, on avance mais toujours pas de montée... Cela signifie qu'elle va être abrupte. Et ce n'est pas peu de le dire ! Une fois l'ascension commencée, les lacets s'enchainent plus fous les uns que les autres a tel point que les voitures et camions les passent le plus souvent au ralenti. Nous ralentissons nous aussi notre allure au minimum (5 km/h en ce qui me concerne, en dessous je perds ma stabilité). Un mauvais mouvement me fait forcer sur les pédales plus que de raison et j'arrache littéralement un maillon de la chaine (au passage, pour les cyclistes, l'attache rapide a tenue, elle !). Je m'arrête donc pour réparer. J'en profite d'ailleurs pour professer le conseil suivant au voyageurs a vélo qui me liraient : toujours avoir quelques maillons de rechange dans les sacoches (une douzaine n'est pas excessif pour un long voyage!). Puis nous repartons mais je me rend vite compte que je n'ai pas remonté la chaine avec un chemin correct (je ne suis pas encore habitué a la roulette guide-chaine installée a Istanbul). Donc nouveaux arrêts pour remettre ça correctement. Puis se sont les attaches des tubes de chaine qui, sans doute plus sollicitées dans la montée, lâchent les uns après les autres. Je bricole des solutions qui ne fonctionnent pas toujours. Rahel est loin car, pensant que tout allait bien, elle m'a distancé. Je suis noir de cambouis et le sommet n'apparait toujours pas. Je vois un paysan arrêté sur le cote de la route avec une remorque. Pensant qu'il va me proposer de me monter la-haut, je m'apprête a refuser fièrement et un peu stupidement, mais non, il me regarde juste passer (il laissait probablement refroidir son moteur). Je laisse moi même de temps a autre reposer mes jambes une minute avant de repartir.

J'arrive finalement au sommet a 20h passées, pour le couché du soleil. Je suis épuisé et content. Affamée aussi. Rahel m'a gentillement attendu en haut en se faisant offrir plein de truc par une famille de locaux venu passer un moment sur ce point du vue (superbe, avec le lac et les montagnes). Les déchets éparpillés partout (bouteilles en plastique, papiers d'emballages et lingettes pour la plupart) témoignent d'ailleurs de la fréquentation du lieu... Le temps de faire le plein d'eau a une source, nous posons nos tentes et je laisse Rahel faire du feu et cuisiner un bon diner, la ou si j'avais été seul, j'aurais avalé du pain et me serai effondré dans mon duvet sans attendre.

 

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Les jours suivants aussi seront riches en ascensions et donc en paysages. En 2 ou 3 jours, nous passons du niveau de la mer aux 1000m qui prévalent généralement en Anatolie centrale. Ca monte et, forcement, ça descend aussi. On se paye même le luxe de doubler des camions a 70 km/h sur la 4 voies. Je me paye aussi ma première sortie de route. A 50 km/h dans les lacets, je vois de loin une voiture arriver en face, mais un nid de poule m'empêche de faire une belle courbe donc je commence a freiner mais l'arrière dérape légèrement alors je file dans les cailloux en réduisant ma vitesse. Heureusement, ça n'a pas abimée les pneus. Je vous rassure, c'était du coté montagne, pas du coté ravin.

Nous passons aussi tous les deux quelques temps en atelier de mécanique. Je refixe et renforce mes tubes de chaine (qui n'ont plus bougée jusqu'à aujourd'hui). Rahel règle ses vitesses.

Finalement, on redescend de notre montagne après en avoir pris plein la vue et on file dans une plaine plus aride mais qui ne manque néanmoins pas pas de charme. On s'offre même un lac artificiel pour nous tous seuls, le soir venu.

La plaine nous a probablement offert toute la palette de jaunes et de bruns qui existent dans la nature. Quittant cette semi-aridité quelques heures, nous longeons un petit ruisseau coincé entre deux versants pour finalement déboucher, ébahis, devant une vaste plaine aux reliefs évoquant les érosions de Cappadoce. Après avoir rempli nos yeux de ce spectacle, nous filons vers le prochain village avec le projet d'une pause glace. Arrivés devant un magasin, on nous fait assoir a une table, sous la tonnelle adjacente, et nous amène a boire et a manger. Un vrai repas sortant du frigo et offert sans plus de cérémonie par les gens vivant la.

Un panneau touristique marqué « METROPOLIS » a attiré l'attention de Rahel qui m'entraine vers une cite troglodyte au bon goût de Cappadoce et nous offre une place de bivouac idyllique pour le soir. Je m'endors en pensant aux hommes qui vivaient au même endroit il y a 2000 ans...

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Cimetiere

A partir du lendemain, la route se fait moins sympa. Une grosse 4 voies longent des montagnes qui, pour être superbes, ne suffisent pas a faire oublier la monotonie de cette route plate et droite et bien sur le trafic qu'elle accueille. Sans doute est-ce liée, c'est aussi a partir de ce jour que l'entente que nous formions Rahel et moi commence a s'émietter. Il devient pesant pour chacun de nous de constamment demander l'avis de l'autre pour tel choix de route ou tel pause. Le bivouac du soir est trouvé a la nuit tombée dans un endroit moche comme tout, et au matin, nous repartirons séparément, heureux d'avoir partager cette semaine mais contents de retrouver notre liberté de solitaires.

 

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J'avais pour projet de tracer tout droit vers la Cappadoce mais des travaux rendent la route encore plus insupportable et je m'éclipse a la premier occasion sur des toutes petites routes. Je plonge sans le savoir dans le trou paumé de la région. Les gens sur la route m'arrêtent et me mettent en garde : « Ou vas-tu ? Pourquoi ? Il n'y a rien la-bas. La route n'est pas bonne, le goudron fond au soleil. Il n'y a rien pour un touriste la-bas. » etc... En plus des habituelles menaces des chiens et des serpents. Pas découragé, je m'enfonce dans cette arrière pays pour être finalement récompensé par la découverte de petits villages semi-abandonnées bâtis plus en pierre et en terre qu'en parpaings et en taule, et surtout par une des plus belle vue de tout le pays :

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Le lendemain, le paysage redevient plat, a l'approche du gigantesque lac salé « Tuz Golu ». Je m'arrête dans un cyber, pour vous donner des nouvelles. Mon vélo est attaché juste devant, a 20 cm de la porte et je jette un œil de temps a autre mais ce ne sera pas suffisant. Un bruit de casse m'alerte et quand j'arrive, je trouve 3 jeunes de 16 a 20 ans hilares et un morceau de béquille gentillement posé sur le siège, le vélo reposant sur le mur. Je me mets en colère, gueule, saisi le plus vieux d'entre eux, réclamant une explication. Tout cela ne suffira pas a l'empêcher de rire. J'obtiens de lui, par une traductrice improvisée plus hautaine que compatissante, qu'un jeune garçon s'est assis sur le vélo pour l'essayer et est parti en courant quand la béquille a céder. Voyant que je parle a des adolescents pas finis, je ramasse mes affaires, payent et pars sans décharger ma colère comme j'aurai voulu, et a quoi bon de toute façon...

Je tente une réparation dans un magasin de vélo, mais elle casse immédiatement, puis paye pour une béquille local qui ressemble a un jouet en fer blanc et tord tout aussi vite. Finalement, je mange un morceau et quitte cette ville maudite.

La route qui m'attend aurait pu être belle, parente des salars d'Amérique du sud, mais non, c'est une lande asséchée et déserte balayée par un vent (de face, forcement) sur des distances importantes. J'obtiens un peu de répit en allant demander de l'eau a une famille adorable, dans une maison isolée, et en discutant avec deux ado turcs et suisses venus passer un mois de « vacances » au bled. Je me cache du vent et de la route, le soir, derrière un groupe de maisons abandonnées.



Le lendemain, je tente une nouvelle réparation, chez un mécanicien moto cette fois, bien plus équipé et plus habile. Il me soude un tube a la partie restante de la béquille et me récupère même le morceau de vis casser dans son pas. Heureux comme tout, je repars en me répétant : « Tu es en Turquie, chaque problème a sa solution ! ». Le temps de manger un morceau et d'aller pisser et « Crac »... je retrouve mon vélo a nouveau sans béquille et dans les mains d'un jeune adolescent pas pressé de s'excuser. Devant mes reproches, il m'entraine dans l'atelier d'un ami a lui, pas beaucoup plus vieux, qui tente une nouvelle réparation, mais sans succès. La béquille restante est trouée, tordue et il n'y a plus grand chose a espérer... Je repars donc encore une fois avec les nerfs et en me répétant : « Tu es en Turquie, chaque problème a sa solution ! Et chaque solution a son enfant pour la foutre par terre ! ».

 

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Mon super mecano


Je roule pour oublier. Les jeunes turcs sont aussi irresponsables et stupides que les adultes sont serviables et prévenants. Mais les uns comme les autres sont plus curieux que des chats et a chaque arrêt, j'ai une foule d'hommes et d'enfants autour du vélo et de moi, jouant avec les manettes de vitesses ou déréglant le rétro, touchant a tout comme pour vérifier que le vélo existe bien... Au bout d'un moment, tout ce qui n'est pas solidement fixé part ou casse.

La béquille en moins, chaque arrêt ou je dois me lever est problématique. Cela m'oblige a trouver a chaque fois un poteau ou un arbre (chose bien trop rare sur les routes de Turquie) ou a laisser le vélo parterre, ce qui abime les sacoches et en limite l'accès. Mais c'est surtout chaque matin et chaque soir, lorsqu'il faut charger ou décharger le vélo que c'est le plus pénible. Je tord ou casse même quelques pièces les premiers jours a force de faire tomber le vélo...

Encore une journée et j'atteins enfin la Cappadoce tant attendu. Une nouvelle période commence.


PS : les videos du message sur la Bulgarie sont disponibles (ICI)


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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 08:45

 

Rectificatif : le message n'est pas passé depuis la Géorgie donc je le remets tel quel depuis l'Azerbaïdjan... Je suis a Baku, en attente de visa donc je vous mettrai la suite dans les jours a venir.

 

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Salut a tous.

La Turquie, c'est fini. Je suis en Géorgie depuis 24H et on m'a déjà fait trinquer a la vodka. Le pays a l'air sympa, mais il me reste 4 jours pour arriver a la frontière azéri donc je ne vais pas trainer. Les montagnes sont superbes.

A part une petite indigestion il y a une semaine et un pneu qui montre des signes de faiblesses, tout va bien.

Je vous raconterai tout ça d'Azerbaïdjan.

Bises a tous

Remy

 

 

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Je reprends, a l'arrivée en Turquie. Je sens tout de suite que j'ai changé de pays. Les mosquées ont remplacé les églises. Le chant du muezzin, les cloches de la messe. Les odeurs de goudron fondu, d'épices et de figuiers me prouvent que je suis arrivé dans un pays du Sud ! Je fête d'ailleurs ça en m'offrant un délicieux köfte (boulette de viande aromatisée) dans un bouge aussi bruyant que sympathique.

 

Je commence aussi a profiter de l'hospitalité proverbiale des Turcs. On m'offre des thés, un abris, un loukoum. Les gens s'intéresse au vélo et au voyage.

 

Un rapide calcul me montre que je risque d'arriver vendredi soir a Istanbul. C'est pas génial pour faire des visa donc je décide de trainer un peu pour arriver dimanche soir. Mais la pluie me pousse a changer mes plans. L'entrée a vélo dans une mégalopole comme Istanbul est un sacré morceau de bravoure. J'ai pourtant bien pris soin de contourner l'agglomération par le nord-ouest, mais faute d'une carte plus précise, je me retrouve sur une autoroute en travaux, avec pour seule compagnie des dizaines et des dizaines de camions-benne occupés a faire des allers et retour pour déplacer une montagne... Puis, petit a petit, l'autoroute se remplit de trafic et je me retrouve a rouler sur une bande d'arrêt d'urgence, ce qui ne semble choquer personne (pas même la police du trafic). D'ailleurs, je croise d'autres véhicules lents, comme des tracteurs, ou des vendeurs a la sauvette...

 

Après avoir naviguer un peu au hasard parmi les ronds- points et les travaux, j'arrive enfin au Graal tant attendu : un abris bus avec une carte du réseau ! Je ne suis pas pour autant tiré d'affaire car il me reste la ville a traverser du nord au sud pour arriver au quartier historique, repaires des hôtels bons marché. Je me perds plusieurs fois, traverse des quartiers a 70 km\h sur le périf intérieur, manque de partir en arrière dans une cote d'un dénivelé totalement fou, traverse le quartier du bazar (en poussant le vélo car c'est comme tenter de rouler dans une manif)). Mais j'atteins finalement la gare, ou je vais pouvoir récupérer une carte de la ville. Après avoir écourter les avances d'un rabatteur pour hôtel, je tombe sur une jeune fille avec vélo et sacoche. On se rend compte dès les premiers mots qu'on parle tous les deux français. Rahel est suisse et vient d'arriver elle aussi. Deux de ses amis, venus aussi a vélo, sont la depuis hier et m'indiquent leur super hôtel.

 

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Ainsi commence un nouveau chapitre du voyage : Istanbul.

 

J'ai arrêter de pédaler pendant 6 jours mais qu'est-ce que j'ai marché ! A en avoir des courbatures terribles et des douleurs un peu inquiétantes au genou... Mais il y a tellement de choses a faire et a voir.

La mission visa pour commencer, a été assez simple... une fois trouvée l'ambassade ! Ça m'a pris presque la journée pour trouver 2 fausses adresses puis (quand même) la bonne... Rendez-vous 4 jours plus tard pour lâcher 60 euros et recevoir un magnifique visa. La premier du voyage ! Mais, comme je vous l'ai déjà raconté, j'ai fait l'erreur (de débutant) de ne pas considérer le nombre de jours que j'allais mettre pour me rendre a la frontière... Le visa est valable 30 jours, ce qui fait un peu court pour 3000 km... Ce délais imprévu, ajouté au fait que Rahel, une voyageuse a vélo repart vers la Cappadoce, me pousse a écourter mon séjour a Istanbul, ou j'aurais facilement pu rester 1 mois tant la ville m'a plu.

 

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Tant de belles choses, d'ambiances et de quartiers variés. De vie ! Les mosquées rivalisent de raffinement. La faïence est partout. L'histoire aussi pour tout dire. Ville a cheval entre 2 continents, Istanbul a subit de multiple influences qui ont fait sa richesse exceptionnelle. Un exemple : cette obélisque immense qu'un sultan en visite en Égypte a décidée de ramener dans ses bagages et qui orne toujours la même place depuis le Ve siecle (!)

 

 

 

Et que dire de l'auberge ? Je vous en ai déjà parlé aussi. Des gens de partout qui ont en commun le goût du voyage a petit budget. Les bouffes communes improvisées tard le soir. Les blagues sur les petits défauts propres a chaque nationalités. Un jour je lance un « demain le musée d'art moderne est gratuit ». Nous serons 5 a visiter ce lieu (superbe d'ailleurs). Bref, une auberge au sens plein du terme.

 

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Je repars donc samedi 17 juillet, avec une compagne de voyage. De quoi changer un peu mes habitudes.

 

 

 

Voila pour cette fois. Des photos sont en ligne dans l'album « Turquie ».

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 07:17

Bonjour a tous

 

Désolé pur le manque de mise a jour mais j'ai rarement accès a mon blog depuis la Turquie. Je me rattraperai des que possible.

 

Pour résumer depuis Istanbul, j'ai roulé une semaine avec Rahel, la voyageuse suisse rencontrée la bas. C'était sympa mais on a repris notre indépendance avec tous les deux beaucoup de plaisir (j'imagine).

 

Je suis arrive en Cappadoce hier. Tout va bien, a part qu'un sale gosse s'est assis sur mon vélo (pendant que j'étais en train d'écrire dans un cyber justement!) et a cassé la béquille ce qui rend mon quotidien plus compliqué (a chaque arrêt!) mais ne m'empêche pas de rouler...

 

Voila.

 

Je vous embrasse et a bientôt !

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