Je situe mon arrivée en Cappadoce le jour ou j'y atteins la vallée d'Ilhara. Une véritable oasis de verdure et de fraicheur dans une faille de 15 km de long creusée profondément dans un plateau. Après avoir pose mon vélo dans un restaurant qui accepte les campeurs, je part donc explorer la dizaine d'églises troglodytes installées par les premiers chrétiens entre les IVe et XIe siècles, a l'abri des regards indiscrets. Les fresques ont été abimées par le temps et surtout dégradées par les graffitis et les vandales, mais voir ses scènes d'évangiles et ces animaux mythologiques peints il y a 1000 ans, ça reste quelque chose.
La vallee vue du plateau
Le lendemain sera surtout consacré a la route qui me sépare du cœur de la Cappadoce et marqué par l'ascension de 2 cols sympathiques. Un sale gosse, pour impressionner ses camarades, me lance une grosse pierre qui heureusement ne me touche pas. M'étant trompé de route (c'est plutôt la route qui m'a trompé, je n'ai pas encore compris comment, car je suis sur d'avoir pris la bonne direction !), je fini la journée dans un endroit bien moche mais qui se révèle a la nuit tombée assez poétique avec les lumières du village sur l'horizon, les étoiles et surtout une gigantesque moissonneuse-batteuse œuvrant en pleine nuit a la lumière de ses phares, puissants et nombreux. Une vrai « rencontre du troisième type » !
Les paysages redeviennent superbes le jour suivant avec la visite de la vallée de Soganli, des beaux plateaux, puis Urup et finalement Goreme, joyau parmi les joyaux. Ces roches blanches, grises ou roses, tout en courbes et en ondulations. Ces petites niches creusées par l'homme. Ces cheminées de fée. Je crapahute un peu en vélo, un peu a pied, et me pose discrètement au cœur d'une des vallées.
Au matin, j'ai le droit a un réveil de bonne heure par des bruits de chalumeaux... Je mets un moment a comprendre que ce sont les montgolfière, qui décollent avant le levée du soleil. Moment magique, que j'apprécie en compagnie d'un chacal qui passe devant moi tranquillement.
Ce n'est qu'une fois le velo charge et prêt a partir que je me rend compte que j'ai creve a l'arriere. Apres plus de 6000 km sans crevaison, je vais pas pleurer ! D'autant que j'ai un peu fait le foufou hors des sentiers l'availle et qu'une bonne partie de ce qui pousse en Turquie semble avoir des epines... En realite, je me taperai plus de 5 reparations ce jour-la, avec souvent plusieurs rustines a coller a chaque fois ! Je me ballade dans les environ, faisant le tour des vallees a voir, puis file vers Kaiseri ou un bus doit me permettre de gagner 15 jours de voyages (car il me reste seulement16 jours pour arriver a la frontiere azerie).
Ce soir la, cherchant en pleine campagne un coin plat et sans trop d'épine pour la nuit, une femme m'interpelle d'un balcon par un « Bonjour » bien francais ! Il s'agit d'un couple ayant vecu en france 30 ans et etant maintenant revenu dans leur region d'origine. Je passe une excellente soiree en leur compagne et dors dans la maison.
Bye bye, Cappadoce !
La lendemain, je rejoins Kaiseri ou je passerai l'apresmidi a attendre mon car en squantant internet et en reparant a nouveau plusieurs fois mes chambres a aire. Ayant epuise mon stock de rustine en 2 jours, j'en trouve de nouvelles avec un emballage dignes des plus grands poetes du marketing russe des annee 50 :
Le bus est correct, mais difficile de dormir car ça secoue pas mal. On me lâche a 4h30 du matin au bord de la gare routière d'Erzurum. J'aurais pu aller a Kars, encore plus près de la frontière géorgienne, mais les montagnes entre les deux ont l'air vraiment chouette. Après avoir remonter les parties du vélo enlevées pour le transport, je mange un morceau sur un banc, tout en étant ausculté par un groupe de turcs. Je leur explique le voyage et le vélo avec les quelques mots de turc que je maitrise maintenant, a force, mais j'ai surtout envie d'être pénard... Pour vous faire comprendre a quoi ça peut ressembler, dites vous que l'un d'eux, ayant vu que mes pédales étaient particulières, n'hésite pas a prendre mon pied pour le soulever et regarder en dessous les cales métalliques... Alors que je mangeais, jambes croisées sur mon banc...
Plus on s'éloigne de chez soi, plus se font grandes les différences dans ce que l'on considère comme correct ou non dans les rapports entre les gens. L'intimité est une des lignes qui bouge le plus. Si seul la tente arrêtait les turcs, en général, ça ne sera plus le cas en Azerbaïdjan, ou par contre on m'a toujours laissé manger tranquille une fois mon plat servi. Le voyageur doit acquérir une grande souplesse dans ses manières et surtout dans l'acceptation des manières des autres a son égard, au risque d'avoir le sentiment désagréable de voyager parmi les « rustres » et les « barbares »... Sans tomber dans l'excès inverse et se laisser voler ou marcher sur les pieds non plus.
Sur ce, voici pour la Cappadoce. C'était rapide mais intense et j'ai fait le plein de paysages lunaires. Mais ce qui m'attend après Erzurum est pas mal non plus.
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Pour ce qui est des nouvelles fraiche. Mon visa chinois ne peut être fait a Bakou et le kazakh sera prêt dans l'après-midi; ce qui est un mauvais timing car le bateau part ce midi... Le prochain sera dans 2 jours si j'ai de la chance, dans une semaine si j'ai pas de chance, a 20 $ la nuit ! Mais bon, il me reste beaucoup a vous écrire alors dans un sens ça tombe bien pour vous !
Bises et a plus.