Je reprends au départ d’Aktau. 12 km pour aller jusqu’a la gare. Je pars suffisamment en avance mais le train étant a 22h30, je me retrouve vite a rouler de nuit ce qui n’est ni prudent ni pratique car les Kazakh sont plus avares de panneaux d’indication que de bris de verre sur la route… Je finis par trouver la gare ou un chef de quai commence a me dire que le vélo dans le train ça ne va pas être possible. Pas découragé, je me rends sur le quai ou je fais un peu l’animation aux chefs de wagons, avec le vélo puis parce que je suis français (on a la cote a l’etranger) puis enfin parce que j’ai une superbe crinière sur ma photo de passeport. Ça fait bien marrer tout le monde et ça permet de détendre l’atmosphere avant les négociations. La chef de mon wagon me fait comprendre qu’il va falloir payer. Je refuse au début expliquant je vais démonter le vélo. En fait, j’enlève juste les bagages et l’appui-tête auquel est fixé le drapeau. Ils me demandent 5000 Tengue, j’obtiens 3000 (16 euros). Mon vélo passera le voyage sous clef dans un faux plafond, en tête de wagon.
La responsable me montre un lit superpose dans une cabine minuscule en me faisant comprendre qu’elle a le lit du dessous. Je commence a m’installer mais me rends vite compte que les autres cabines ont 2 fois plus d’espace, une table et un lit de chaque cote, sans superposition. J’attends que le train parte, au cas ou, et commence a réclamer une meilleure place. Les responsables finissent par me donner une cabine normale, que je partagerai avec un Kazakh d’un certain âge qui me fera un peu de conversation et beaucoup de ronflements. Le voyage va durer un peu plus de 48h avec la steppe qui defile, immuable, et les arrêts en gare, qui donnent l’occasion d’aller se ravitailler au petites échoppes plus ou moins improvisées sur les quais.
J’arrive a Shymkent 2 jours plus tard donc, vers 3h30 du matin. Pas vraiment pratique comme horaire. Je patiente donc au bord du quai jusqu’au levé du soleil, vers 7h et décolle. La ville est toute éteinte et je la quitte, comme tant d’autre, sans avoir même cherché les quelques curiosités accessibles.
A midi je règle enfin (!) mon dérailleur arrière dont les vitesses descendaient mal depuis l’Azerbaijan…
Après avoir roulé toute la journée, je me rends compte que je ne suis pas sur la route que je voulais. Malgré moi, l'asphalte m'a ramené sur la voie principale entre Shymkent et le Kirgizistan. Moi qui voulait me perdre un peu dans les montagnes avant de retrouver cette route, me voila déjà dessus.
Je quitte la route assez tard pour me réfugier derrière un cimetière. Il était temps, mon pneu avant est a plat ! Je monte la tente a l'abri du vent mais même avec cette protection, je sens bien que pour moi, l'été est fini. La polaire est de nouveau sortie et je dors desormais avec le duvet fermé. Il fait 7 degrés cette nuit la (au coeur de la tente). J'ai néanmoins la satisfaction de voir mes premiers sommets enneigés, ainsi que des cavaliers kazakhs regroupant leur troupeau de bovins dans le superbe pâturage qui me sert de décor ce soir et au milieu duquel serpente un ruisseau au multiples bras.
Je m’offre une grasse matinée bien méritée en attentdant que le soleil chauffe un peu la tente, puis répare la triple crevaison de la veille.
Toute la journée, la chaîne la plus occidentale et septentrionale des Tien Shan (montagnes célestes) se découpent sur ma droite.
Le soir venu, c’est encore un cimetière qui m’offre un coin tranquille pour bivouaquer. Mais cette fois, deux hommes (un policier hors de son service et son ami russe) viennent me voir. Je sens bien que camper leur semble une drôle d’idée et le kazakh se fait un devoir de m’inviter chez lui. Mais mon campement est établi, mon riz est sur le feu et il reste 15 minutes de soleil donc je ne vais pas tout remballer maintenant... Il me propose même de l’argent, que j’ai peut être tord de refuser. Dur a dire…
Le lendemain, je traverse Taras, sans jouer les touriste encore une fois car je tourne autour des mausolés que je voulais voir sans les trouver et le bazar est …un vrai bazar et y entrer avec le vélo est aussi inconcevable que de le laisser sans surveillance.
Après toutes ces villes en enfilade, je ne me méfie pas et continue ma route sans pique-nique. Je dois finalement rouler pas mal pour trouver un endroit ou manger. Ce sera une cantine d’ouvrier de la route ou l’on m’invite a “déguster” une soupe, un plat de pâte et un thé. Ambiance "au coeur du pays" assurée !
Ce soir-la, je m’écarte de la route et de la voie ferrée, pour me rapprocher des montagnes et échapper au bruit. Après avoir croiser un cavalier et ses brebis, je me retire dans un petit coin de paradis. Un ruisseau coule le long de la prairie, juste devant des collines de velours brun se transformant rapidement en escarpement rocheux puis enneigés. C’est dans ce cadre enchanteur que je répare ma chaîne, dont j’ai cassé un maillon en forçant dans la terre, quelques mètres avant…
Ca vaut le trajet, non ?
Je décide de raccourcir un peu l’allure car sinon je vais encore arriver dans un capital juste avant un week-end, ce qui n’est pas idéal pour faire un visa. De plus, mes genoux accusent le coup de la reprise et je veux les ménager. Au réveil, je sens toujours méchamment mon genou droit. Je tente de rallonger un peu la bôme (car j’ai changer l’inclinaison du siège 2 jour avant), ce n’ai pas mieux. Je la raccourcis, c’est pire ! Je roule quand même car il faut bien trouver des épiceries et de l’eau. Mais je me pose des que possible, derrière un village. Le vent se lève, et dans la nuit, c’est au tour de la pluie.
Elle va durer jusqu’a 17h le lendemain. J’ai remis siège et bôme dans la position qui m’a amener jusque la sans douleur, mais ça ne suffit pas. Je roule 2H pour trouver le même genre de cantine ouvrière (mais pas gratuite cette fois) puis me retrouve devant un choix : tout droit, j’entre au Kirgizistan et file vers Bishkek; a gauche, je contourne la frontière pour n’y entrer que 20km avant la ville, donc je sauve quelques jours de visa kirgise, qui n’est que de 30 jours. Je prends donc a gauche, juste avant la ville de Merki (!), comptant sur la prochaine ville pour faire des courses et me poser tot. C’est sans compter la perfidie du dieu des cartes qui, ce jour-la, me joue un tour a sa façon. La prochaine ville se révèle finalement inexistante ou du moins pas sur ma route. Il n’y a rien de part et d’autre de celle-ci et je roule toute l’après-midi pour dégoter de l’eau dans un café pour routier. Ayant enfin le précieux breuvage, je m’apprete a chercher un chemin secondaire pour bivouaquer mais j’entre dans un “TRANSIT SITE” qui s’annonce sur 23 km… Bof, ça ne va pas m’empecher de m’arreter avant… Et bien si, les patrouilles militaires, les barbellés et les miradors vont finalement me dissuader de tenter le coup du camping en “zone de transit”… Donc 23 km, pendant lesquels la pluie s’arrete, quand même. Des que les barbelés prennent fin, je bifurque et me pose dans un champs.
106 km pour 7h28 pédalées, c’est une bien mauvaise convalescence !
Le lendemain, je prends mon temps pour nettoyer et faire sécher les affaires grâce a quelques rayons de soleil. Le prochain village s’annonce a quelques km. Je repars, mais de village, point. A la place, un nouveau corridor militaire, puis un passage en territoire kirgise (a cette endroit, la route passe pour peu de temps de l’autre coté… L’occasion de donner quelques chose a faire a quelques jeune soldats). Et pour moi, l'occasion de quelques séances photos, posant sur le vélo avec les militaires de chacun des deux pays m'encadrant. Si je n'avais pas refusé, j'aurais même eu un fusil mitrailleur entre les mains... Ce n'est donc qu'après 30 km de genou douloureux que j'arrive enfin a une aire de restaurant pour routiers, avec enfin quelques victuailles a vendre. Je trouve de l'eau, du pain et des gâteaux secs puis m'en vais bivouaquer a l'écart de la route. Non sans avoir photographié mon premier chameau !
Imposant !
Ce soir la un cavalier passe et repasse devant ma tente, entraînant sans doute sa monture en vue d'une compétition.
Le lendemain, je repars sous paracetamol et arrive enfin a un vrai village, avec des épiceries. Dans l'une d'elles je me fais littéralement attraper par une bande de femmes comme si j'etait le messie. Regroupées la depuis un moment deja autour de vodka et de saucisson de cheval, elles sont un peu saoules (il est 10h30) et se pressent autour de moi pour être sur les photos. Un grand moment. Je repars avec la photo du groupe et un saucisson de cheval (puisque c'est assez bon).
J'ai fait 20 km quand je vois un panneau "Bishkek 50 km"... Il a recommencé a pleuvoir. Ce serai trop bête de passer encore une nuit sous la tente pour économiser un lit en dortoir a 5 euros... Donc en avant ! D'ailleurs mon genou me fait moins mal qu'hier, mais c'est sans doute le paracetamol...
Le passage de frontière se fait sans encombre. Et je trouve même assez facilement Sakura Guest house, qui se révèle être un endroit propre, sympathique, bien équipé et pas cher, en plus des nombreux backpackers de toutes origines qui sont 9 fois sur 10 des gens amicaux et intéressants.
Voila donc pour cette première partie de Kazakhstan. Si certains endroits près des montagnes ont du charme, la steppe est quand même assez monotone. Je ne regrette pas d'être arrivé au Kirgizistan, pays au 3 quart montagneux. Par contre, le problème genou va m'obliger a me reposer un bon coup et planera désormais sur moi comme une epée de Damocles...
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Pour les nouvelles fraiches, mon visa chinois devrait etre pres lundi. Mon depart va dependre de cela.
Sinon la meteo est au beau fixe mais il va quand meme faire froid pour visiter les montagnes kirgizes.
Bises
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En plus, son blog est beaucoup plus fourni que le mien...