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Présentation

Ce blog présente mon voyage à vélo d'avril 2010 à avril 2011. Au départ projet de tour du monde sur 2 ans, par l'Asie et les 2 Amériques, il s'est finalement arrêté en Asie. C'est un voyage en solitaire, sur un vélo couché (Pioneer), que j'ai tenté de faire vivre a travers ce blog.
Bonne lecture.

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Europe

Asie

 

 

10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 07:23

 



Petit message informatif a caractère capillaire.



Je ne m'étais pas coupé les cheveux depuis la Roumanie. Pas taillé la barbe depuis l'Azerbaïdjan. J'avais d'abord gardé cette fourrure supplémentaire pour le froid. Puis j'avais dit  "je garde ma grosse barbe pour faire peur aux chinois".



Il y a deux jours, une femme marchant devant moi dans la rue s'est retournée en pensant voir l'amie qui lui parlait et a poussée un cri de peur en me voyant a sa place... Mission accomplie !



Ajoutez a ca que l'on m'a déjà demandé 3 fois si j'étais pakistanais... Quand c'est trop, c'est trop !







Je suis donc allé chez le coiffeur. Vu les coupes très "mode" que l'on peut croiser a Urumqi, j'ai opté pour la tondeuse. Le résultat est radical...

 

 

 

 

 

AVANT :

 

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APRES :

 

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Bonne poilade !

 

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Demain, départ en car pour Lanzhou.

Les cartes google map sont a jour. Les statistiques seront bientot en ligne, si j'ai le temps.

 

A plus

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 02:36

Voici le site d'Eric et Lydie : untourenvelo.ch

 

Ils sont un peu plus rapides pour les photos et les vidéos que pour les récits, mais comme ca on se complete.

 

J'en profite pour souhaiter la bienvenu sur ce blog aux parents et amis d'Eric et Lydie. Je vous rassure, ils vont tres bien et sont toujours aussi fous (indépendamment et l'un avec l'autre).

 

Eric a passé du temps sur le montage mais ca vaut vraiment le coup :

 

Vidéos : http://www.untourenvelo.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=173:videos-&catid=13:chine&Itemid=89#addcomments

 

Profitez-en car je n'ai pas acces depuis la Chine aux sites qui me servent a mettre en ligne des vidéos.

 

A plus

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 09:53

 

Le message précédent se finissait dans le bus qui passe du sol kazakh a la Chine. Je ne suis pas encore sorti du bus que je prends auprès des chinois ma première leçon de bizarrerie. Un barrage de policier chinois arrête le véhicule et demande si quelqu'un transporte des allumettes. Les gens autour de moi me font comprendre ça avec des gestes, mais je n'ai que des briquets. Puis on me demande si j'ai des barres chocolatées. Je sors mon unique nut's (alors que si j'avais su qu'il était impossible de trouver ça en Chine, j'en aurai sans doute eu une dizaine!) et le donne au chauffeur qui va le donner aux militaires et qui finalement me le ramène... Ce petit manège n'a toujours pas trouvé d'explication logique dans mon esprit.



Une fois descendu du bus, je passe la frontière chinoise avec facilité et même plaisir tant tout est fléché, organisé et traduit. Les policiers chinois sont tous courtois et parlent tous un minimum d'anglais. Ça change !



Une fois dehors, le premier objectif est un distributeur de billet. Le second est un restaurant, ou je comprends vite que le petit guide de conversion français-mandarin va se révélé indispensable. L'accueil est cordial. On tourne autour du vélo mais plus respectueusement que ce a quoi je suis habitué. Un type ne parlant pas anglais et dont je ne sais s'il dépend ou non du restaurant tient absolument a me refiler 50 yuan, sois 5 euros. Je sors donc de mon premier restaurant rassasié et plus riche qu'en y entrant !



Après cette pause bien méritée pour fêter mon entrer en Chine, il est temps de me mettre en chasse (mais non pas aux filles...) et de rattraper Eric et Lydie. Ils ont 21h d'avance sur moi, mais gentils comme ils sont, ils n'ont pas du trop pousser sur les pédales. Moi par contre, je continue a tracer car, indépendamment du plaisir d'avoir rouler avec eux, être séparer sans l'avoir décidé laisse un goût de frustration dans la bouche.



Coté ravitaillement, je subis ma première désillusion dans un petit magasin chinois. Rien ne ressemble a ce que je connais, tout est sur-emballé, les photos sont plus mensongères que jamais et il est difficile de faire la différence entre une friandise et de la viande...



Je découvre par contre les routes chinoises grand luxe (larges, lisses et riches en signalisation). Sans attendre la toute fin de journée, je me pose a l'écart de la route, les jambes a la limite de la démission, pour faire sécher ma tente trempée aux derniers rayons du soleil.

 

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Le lendemain, je me réveille en célébrant intérieurement mon 6e mois de voyage et mon passage en Chine. Je démarre ensuite, pour quitter le bassin de l'Ill et monter un col qui promet d'être costaud (de 900m a 2200). Les endroits pour camper ne sont pas nombreux une fois dans les gorges, et j'en déduit qu'Eric et Lydie doivent avoir pas mal roulé quand même pour passer le col et redescendre au chaud de l'autre coté pour (éventuellement), m'y attendre. L'ascension me prend toute la journée car si les dénivelés sont raisonnables, la route n'en est que plus longue. Je passe même sous un immense viaduc en construction. De cet endroit, j'aperçois les camions qui serpentent bien au-delà, sur la montagne en face, et comprends que c'est la route qui m'attend. Après un final laborieux dans la neige et la boue agglomérées, je suis enfin au sommet, d'où j'ai une vue a couper le souffle.


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Quelques mètres de plus et le lac de Sayram, magnifié par la neige couvrant sa ceinture de montagne. Un régal !

 

 

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Voyant les innombrables pierres qui bordent la route, je décide de laisser une trace de mon passage, au cas ou Eric et Lydie serait derrière moi...


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Je prends un paquet de photos, trouve un hameau ou j'achète de quoi survivre (nouilles instantanées et eau notamment) mais le soleil se couche déjà sans que j'ai le temps de redescendre vers la plaine. Il va falloir camper au bord du lac, a 2100m, pas sur la neige mais peu s'en faut. Il fait 0 degré dans la chambre et au matin, l'eau de la gourde qui a dormi près de ma tête a commencé a geler ! Je plie sans tarder, prends quand même le temps de faire une photo car ce matin je me sens vraiment baroudeur :

 

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  J'ai pas l'air malin sur la photo, mais vu la temperature, j'allais pas en faire plusieurs !



Puis c'est la descente. Comme pour la montée, pas de dénivelés fous mais un bon revêtement et une absence totale de circulation (dû a un barrage de police, pour protéger le lieux d'un accident) qui me permets de rouler tranquille et de faire rien moins que 50 km en 1h30... Malheureusement, je ne profiterai pas d'une vue majestueuse sur la plaine car vers 1000 ou 1500m une chape de brouillard masque toute visibilité. Les dizaines d'usines a charbon croisées les jours suivants expliquent cette nappe cotonneuse qui bouche toujours l'horizon a l'heure ou j'écris.



Une fois a 400m, la température en journée est plus supportable, mais toujours froide la nuit. Je commence a avoir épuisé ma résistance au froid. Je rêve de soleil qui chauffe et de couvertures épaisses. J'ai 3 semaines de retard sur mon planning, qui était déjà limite du point de vue température a cet endroit. J'avais a l'origine prévu de prendre un train entre Almaty et Urumqi, puis j'ai eu envie de rouler cette partie. Je décide donc de faire quelques centaines de km en bus ou en train, a partir d'Urumqi pour fuir l'hiver.



Depuis l'autoroute (car je roule sur une superbe autoroute déserte, avec une belle voie d'arrêt d'urgence rien que pour moi), les arbres a baie de Goji et surtout les champs de coton défilent. La chaine de montagne au sud est constamment cachée par le « fog ». Donc je roule, tous en laissant 2 autres fois sur la route mon prénom, la date et l'heure, écrits a la craie, au cas ou les 2 amis serait derrière. Car vu ce que j'ai roulé, je commence a me dire que s'ils sont devant, c'est vraiment qu'il n'avait pas envie d'être rattrapés...



Le paysage monotone devient encore un peu plus désertique et je roule toute une journée sur mes réserves de nourriture avant de finalement trouver de l'eau et un peu de bouffe très cher a une station essence.



Le lendemain, soit 4 jours après le passage de la frontière, je roule tranquillement quand je crois entendre un appel crié de très loin (je vous l'ai dit, l'autoroute est vraiment tranquille !). Je cherche du regard et observe dans le retro 2 formes fines roulant sur le coté de la route. Je m'arrête donc et reconnaît rapidement Eric et Lydie qui arrivent essoufflés et affamés. Depuis 2 jours qu'il ont vu mon premier signe en pierre (qui leur a fait comprendre que j'étais devant et non derrière), ils ont pédalé 2 fois 120 km, a 20 km/h de moyenne pour me rattraper. On se fait donc une pause casse-croute en se racontant nos aventures respectives depuis la frontière.

 

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Apres les km de maïs qui seche, les km de piment

 

 

Les 4 jours suivant passent plus vite et je retrouve le plaisir de rouler en discutant, même si a Kuytun, on se fait virer de l'autoroute par la police car a partir de ce point une nationale (sans bas-coté et beaucoup plus passante, mais comme chez nous, ici la loi n'est pas toujours la logique) fait le même chemin vers Urumqi. Les jours se succèdent donc avec petits villages remplis d'ordure, champs de mais ou de coton, grains de mais séchant sur les routes pendant des dizaines de km, laghman ou découvertes culinaires chinoises a midi, villes modernes avec des affiches publicitaires partout, hordes de balayeurs municipaux dont la mission semble être de garder constamment la poussière en l'air, files immenses de voitures attendant de pouvoir faire le plein de GPL, les 10000 km d'Eric et Lydie, et les températures toujours limites la nuit. Au matin de la dernière nuit avant Urumqi, Eric mesure même -6 degrés !

 

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L'usine de charbon au milieu de la ville, ca fait un peu mal...


Après 23 km de route en travaux complètement chaotiques, nous sommes aux portes de la ville. Je vous passe les détails de l'entrée dans la métropole, plutôt bien négociée par rapport a la moyenne de ces périlleux exercices. Même avec deux petites cartes et l'avis d'une demi douzaine de passants, ce n'est qu'a la nuit tombante que nous trouvons finalement l'auberge de jeunesse visée. Tout le monde a besoin d'une bonne douche, surtout Eric (et tac ! Ça c'est pour recommencer a faire de la mécanique sans m'attendre alors que j'écris comme un fou un récit qu'il menace de copier-coller sur son site).  .


Le surlendemain de notre arrivée, il se met a pleuvoir dru et en début de soirée... a neiger a gros flocon. Le lendemain tout est blanc, sauf le ciel qui est gris. On n'en revient toujours pas du bol monstrueux que l'on a eu de rouler, dans le froid certes, mais sous le soleil depuis au moins 10 jours, alors qu'a deux jours près on se prenait 5 cm de neige...

 


Les journées a Urumqi sont bien remplies entre le grand nettoyage du vélo (10 bonnes heures de mécanique en ce qui me concerne), les lessives, les courses, le blog, les mails, l'itinéraire suivant a préparer, les rencontres, les petits restaurants, les aperos (quand même). Le magasin de vélo est l'endroit le plus loin de l'auberge ou nous ayons été jusque la. Mais les jours passent et il reste toujours des choses a faire après 6 mois de voyage (j'ai un gros atelier couture qui m'attend par exemple).

 

DSC00336Contrairement a ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas un petit dejeuné...



Eric et Lydie vont peut-etre filer en bus vers Chengdu, au centre du pays, pour avoir le temps de rejoindre le Vietnam pour Noël. Quant a moi j'envisage plutôt Langzhou, un peu plus au nord, pour traverser des régions tibétaines sur la route de Chengdu. Quelques jours a plus de 3000m mais je pense que ça vaudra le coup de se cailler encore un peu.



Les prochaines nouvelles, détaillées en tous cas, seront sans doute de Chengdu. J'espère que vous avez apprécié ces deux petits récits riches en aventures. En tout cas moi, je ne me suis pas ennuyé a les vivre !



A bientôt.



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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 03:40

Salut a tous.

 

Je suis arrivé en Chine !

 

Mais faisons les choses dans l'ordre. Je vous avais laissés a Bishkek.

 

Je suis donc repassé au Kazakhstan, par la même frontière que j'avais traversée pour venir. Sur les 30 jours de mon visa Kirghize, je suis resté ... 30 jours. Ce qui devrait vous permettre de mesurer a quel point j'ai aimé faire ce détour sur ma route vers l'Asie.

 

En retournant au Kazakhstan, je laisse derrière moi les montagnes et retrouvé une steppe plus monotone et des chauffeurs qui me klaxonnent dans les oreilles. La transition se faisant progressivement, j'ai quand même un petit col a monter (de 700 a 1200m) et une superbe descente qui me permet d'établir un nouveau record de vitesse : 79,72 km/h.

 

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Je rencontre Chris et Kevin, américain et canadien, en route pour faire la légendaire route des Pamirs... en hiver. Alors que moi je fuis lâchement les cols enneigés en prenant la route du Nord. Leur site : fiveelementsexpedition.blogspot.com

 

Le soir même, je sors de la route par un petit chemin pour chercher un coin ou bivouaquer. Mais le problème des petits chemins, c'est qu'ils mènent toujours quelque-part, et je me retrouve a passer devant une ferme ou un vieux titubant me gémit dessus pour que je m'arrête. Je lui fais signe que je continue tout droit et part en ignorant ses protestations pour aller camper un peu plus loin, pas tout a fait rassuré sur la tranquillité des lieux. Le lendemain, je suis bien obligé de repasser par la pour retourner sur la route. J'ai a peine dépassé la ferme que le type de la veille descend des collines au galop pour venir s'excuser de m'avoir fait peur hier, me proposer le thé etc. Comme quoi.

 

Toute la journée, j'hésite entre foncer vers Almaty, retirer de l'argent et sortir de la ville pour aller camper plus loin ou prendre mon temps et réserver la traversée de la ville pour demain. Ça roule bien. Je change trois fois d'avis en cours de route mais la pluie me décide a bifurquer avant l'agglomération. Je fais quelques courses et surtout de je quémande de l'eau devant un magasin dont le patron veut absolument me refiler un sac de nourriture et de boisson qui doit peser pas loin de 10 kg. Je prends tout ce que je peux, pour lui faire plaisir, mais je ne peux pas tout charger (il y a des bonbons, de la viande cuite, des fruits, 2 gros pains...). Après cet épisode cocasse, trouver un endroit sans habitation aussi près de la ville se révèle un peu difficile. Heureusement, il y a la décharge ! Un terrain vague qui se transforme en usine désaffectée ou des poubelles sont déversées partout et dispersées par les chiens errants. En m'enfonçant dans ce petit coin de paradis, je réussis a trouver un chemin coincé entre l'ancienne enceinte et un talus, a l'abri des immondices, et des regards. A part l'usine du coin qui malheureusement fonctionnera toute la nuit, l'endroit n'est pas si mal.

 

RIMG4195Les environs d'Almaty, hors des sentiers battus...

 

 

Le lendemain, j'ai 10 km a faire dans la circulation et le brouillard humide de pollution qu'elle engendre pour rentrer dans la ville et trouver un distributeur de billet. Après avoir laissé passer le gros de l'orage, je repars pour une session de freeride dans une jungle urbaine et sous la pluie. Je suis a fond, motivé par le sale temps, les marres de boue, les nids de poules a éviter, la circulation chaotique et le regard ahuri des passants me voyant. Je prends même du plaisir a cette conduite un peu technique.

 

Après être sorti de la ville, je prends une bifurcation pour revenir sur une route plus basse et plus plate. J'ai beau vérifier 2 fois en demandant l'avis de passants, on m'envoie dans un cul-de-sac boueux. Petit village auquel ne mène qu'une seule route de 5 km, en pente évidemment... Tous les chemins ne mènent donc pas a Rome !

 

Le soir, j'essuie un gros orage, une fois la tente montée heureusement. La pluie ne cessera pas de la nuit et de la journée du lendemain. Mais avec un bon vent dans le dos, j'avance bien et ce n'est que lorsque je m'arrête a une fontaine d'eau qu'Eric et Lydie, qui roulent sur la même route que moi, me rattrapent. Couple de franco-suisse roulant depuis 7 mois et 9000 km, ils ont le même itinéraire que moi vers la Chine puis le Vietnam. On repart donc ensemble. Forcement, entre cyclo, on a plein de choses a se dire. Le camping de ce soir se fait toujours sous la pluie mais grâce a notre (car nous avons exactement la même) super tente dont la chambre se décroche, nous dinons ensemble et au sec.

 

RIMG4199Le moral est toujours la malgré la pluie.


Au matin, il neigeote plus qu'il ne pleut, car la température est bien descendue. On s'élance pour une belle ligne droite de 100 km a travers une steppe sans village, donc sans ravitaillement. Le vent est toujours dans le dos et heureusement car le revêtement disparaît au bout de quelques km pour laisser la place a une piste caillouteuse et souvent en tôle ondulée qui nous secoue toute la journée.

 

Je me fais avoir comme un bleu par une flaque d'eau marron dans laquelle je pense rouler sans souci et qui se retrouve être un gouffre dans lequel je plante ma roue avant. Miraculeusement (encore un bon point pour les roues ultra solides montées par Rando-cycle), la roue ne se voile pas. Par contre, la fourche est déserrée et donc un peu désaxée, mais rien de gênant pour le moment. A part une pause pour changer un maillon de chaine cassée dans une montée un peu rude, l'essentiel de la journée est passé sur le vélo. Malgré les 95 km au compteur, on ne sera pas arrivé au village suivant, mais on aura tout de même trouvé un coin a l'abri du vent, plat et sans caillou pour la nuit. Et vu le paysage de la journée, c'est un exploit.

 

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Le lendemain, on peut enfin faire quelques courses, mais la région est tellement désolée que l'on renonce a trouver un petit restau pour se contenter d'un pique-nique sur le perron d'une maison abandonnée. Je fais encore une fois a mes nouveaux compagnons de route le coup de la panne, avec une crevaison cette fois.

 

Mais tout cela ne m'empêche pas d'arriver fièrement a mon 10 000e km !

 

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Le soir, Lydie, qui porte 1 kg de farine depuis trop longtemps, est prise d'une envie de faire des crêpes. C'est une première tentative pour nous trois et on met un peu de temps a prendre la technique mais une fois la poêle bien chaude, ça dépote ! On passe la soirée dehors, malgré les températures polaires, et on rigole bien. Ce petit goût de « Home, sweet home », alliée au sentiment que la Chine est toute proche, crée un véritable effet euphorisant.

 

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**** ***MERCI POUR LES CREPES !!*** ****

 

Le lendemain, on arrive a la dernière ville avant la frontière, Jarkent, que l'on parcourt dans le désordre pour faire des courses, aller au bazar, au cyber puis manger un bol de laghman. On apprend de toute façon que la frontière est fermée le dimanche donc on se pose pour la nuit a distance raisonnable de cette zone tampon bien surveillée, avec des montagnes blanches pour paysage.

 

Le levée de lune ce soir-la est splendide, son disque rouge-orangé se découpant progressivement sur les sommets. Mais la nuit sera glacée. 0 degré sous la tente et toile gelé au matin. La seule consolation est que pour une fois j'ai quelqu'un a qui lancer une boule de givre au réveil...

 

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Un peu de pub pour les tentes Vaude...

 

Le temps de sécher tout ça, de plier et de franchir les 5 checks-points de l'armée kazakhe, nous arrivons après 11h a la frontière proprement dite, qui bien sur est fermée entre 11h et 13h30... On patiente donc dans le bâtiment (fermé a clef des 2 cotés d'ailleurs). Le temps de faire un peu de couture et de prendre une petite leçon de chinois dans le guide de conversation que je trimbale depuis Nantes et que j'ai déjà pas mal parcouru.

 

Bref, je me présente en premier a un des gardes chargés de tamponner le passeport. Il tique sur quelque-chose, demande un chef. En attendant Eric et Lydie sont passés et chargent leurs vélos dans les mini-bus qui sont les seuls véhicules autorisés a rouler d'un territoire a l'autre.

 

Pendant ce temps, mon tamponneur m'explique par quidam anglophone interposé que la date de la « registration » que j'ai faite a Aktau est dépassée. Il veut que je retourne me faire enregistrer a Jarkent. Je refuse, discute, patiente encore jusqu'à ce qu'une chef parlant anglais vienne et m'explique qu'elle ne peut rien y faire car « c'est la loi ». Totalement démuni face a ce genre d'argument « coup de poing » et voyant l'heure qui tourne, je me résigne et repars en sens inverse. Il est 14h45, Jarkent est a 35 km, mais en faux-plat descendant. Je repasse les checks-points en sens inverse en baragouinant un « registration problem, Jarkent » puis je mange une barre chocolatée, passe sur le grand plateau et c'est parti. A 16h je suis devant la police de l'immigration. Première victoire.

 

Mais je déchante vite. Depuis le parloir, le soldat me dit qu'on ne fait pas de « registration » a Jarkent, il me faut aller a Almaty... Je commence par rigoler, expliquant que je suis a vélo, puis par ne plus rigoler du tout quand il me dit de prendre un taxi. Il appelle son chef. Un modèle de gratte-papier militaire a une étoile et autant de neurone fonctionnel. Il prend mon passeport, l'épluche pendant 10 minutes puis me dit la même chose. Il faut aller a Almaty. Je proteste, c'est juste un tampon sur un bout de papier qu'il me faut. Rien a faire. Je quitte ce guichet pour rentrer dans le bâtiment a coté, espérant plus de chance a un autre endroit. A l'accueil, on me fait patienter puis finalement on m'amène au même endroit, voir le même petit chef de l'immigration, mais cette fois-ci je suis a l'intérieur de la pièce, pas au parloir. Je tente de lui demander une lettre de sa part qui prouve au moins aux soldats de la frontière que j'ai été jusqu'à Jarkent et qu'on a refusé de m'enregistrer, espérant attendrir la chef qui m'a envoyé ici. Mais il ne parle pas plus anglais que moi russe ou kazakh (voire encore moins). Le temps passe et devant mon obstination, il passe un coup de fil auquel je comprend « franssous » et « velociped ». Il raccroche et me demande des photocopies du passeport et du visa. J'ai ça sur moi (il sait pas a qui il a a faire ce petit monsieur ! ). Il me demande aussi des photocopies de mes deux bons de « registration » que j'ai eu a chacune de mes entrées sur le territoire. Me voici donc courant (c'est l'adrénaline) dans les rues a la recherche d'une reprographie, qui heureusement n'est pas trop loin. Je préviens le patron que je n'ai plus un tengue kazakh et que je n'ai que des dollars pour payer. Il me fait cadeau des 2 copies. De retour auprès de mon cheffaillon, j'assiste au remplissage laborieux de 3 formulaires, signe un peu partout, donne mon adresse, ma profession (sic!), ma situation maritale et autres sortes d'informations vitales pour la sécurité du pays. Je l'accompagne a travers les bureaux pour qu'il fasse signer tout ça par un autre chef a une étoile, puis il me renvoie faire 4 photocopies (je vous jure, il faut une bonne dose d'humilité et de patiente avec la bureaucratie d'ex-URSS!). Et finalement, quand je reviens, il écrit des dates sur mon bon de « registration », cherche dans un tiroir et … et … il ne trouve pas le tampon. Pendant que moi je cherche la caméra cachée, il retourne son bureau, va voir dans le coffre-fort, et fini par demander a son second qui heureusement passait par le parloir voir pourquoi son chef travaillait toujours a 18h passées. « Le tampon est dans le tiroir du dessous » semble-t-il lui dire car il met finalement la main dessus et … tamponne généreusement ma « registration » puis me rend tout ça après avoir pris le temps de mettre également un coup de tampon « non autorisé a travaillé » au cas ou j'aurai envie de chercher du travail entre ici et la frontière...

 

Je sors de la content de ne pas avoir a retourner a Almaty mais un peu ahuri par toute l'aventure. Il est 18h30, il fait nuit, je suis en pleine ville et un épais brouillard rend la perspective de reprendre la route encore plus alléchante. Je repars néanmoins avec phare a l'avant et frontale pour l'arrière, puisque ma lumière arrière ne semble pas fonctionner. Je sors de la ville, tourne au premier carrefour et plante la tente dans un champs au bord de la route.

 

Ce soir-la, c'est service minimum. Je ne déploie pas la bâche, ne me lave pas, ne me change pas. Je prends le temps de manger mon seul vrai repas de la journée, de fumer une cigarette et je rentre dans mon duvet. J'ai les mêmes 35 km a faire demain mais cette fois-ci en montée. Et tant qu'a faire, si je veux avoir une chance de rattraper Eric et Lydie, il faut arriver a passer avant la pause déjeuné.

 

Levé a 6h15, je plie la tente encore givrée et commence a rouler a 7h30, pour arriver au dernier bureau de la frontière a 10h15. J'ai fait de nombreuse petites pauses étirements car pédaler en forçant, ce n'est vraiment pas la même chose que pédaler sur la durée et j'ai encore dans les pattes la course d'hier.

 

Cette fois-ci, tout se passe bien, je mets le vélo dans un mini-bus et en route vers la Chine !

 

La suite, bientôt !

 

Bises depuis Urumqi

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 06:36

Salut

Je suis aux portes de la chine. A Korgos. Je voyage depuis 2 jours avec un couple de franco-suisse et ca se passe super bien. Le genou va bien. Le seul point negatif, c'est les temperatures. 4 a 6 degre dans la journee. Et la meme chose sous la tente la nuit. Mais on ne se laisse pas abattre. On a meme fait une soiree crepe hier soir pour feter mon 10 000e km passe dans la journee.Et le soleil est revenu aujourd'hui.


Plein de gens m'ont ecrit de longs mails. Je n'y reponds pas maintenant mais MERCI BEAUCOUP et felicitation a tous pour tous ces CDI, a Shammy pour devenir officiellement avocate (et 4e de promo quand meme !).


Je vous embrasses fort.


Remy

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 11:19

 

Un petit mot, depuis... ... Bishkek !

Et oui, la frontière « peut-être fermée mais sans doute perméable » s'est révélée être infranchissable. Un mur de barbelés de 2m de haut a été dressé tout le long de la frontière, y compris sur la route séparant les postes de chaque pays. Pas de porte, pas de passage aménagée « au cas ou ». Juste des spirales de metal tranchant et uniforme...

Je n'y ai pourtant pas été avec le dos de la cuillère ! Arrivé a 11h30, je suis resté devant les barbelés pendant 6H, argumentant, suppliant, insistant, tentant même de soudoyer... Rien n'y a fait. J'étais prêt a camper la pour leur prouver a qui ils avaient a faire mais j'ai fait le calcul... Mon visa kirghize se terminait dans 3 jours, dont un samedi et un dimanche, ce qui m'empêchait de le faire renouveler. Donc 3 jours pour faire les 4 ou 500 km me séparant de la prochaine frontière, c'était déjà un peu juste... Mon extrême détermination allait sans doute se transformer en stupide entêtement, donc j'ai dis aux gentils militaires que j'avouais ma défaite, et je suis aller dormir plus loin.

Le lendemain, départ de bonne heure pour avaler les 70 km qui me sépare de la route principale. Coup du sort, mon câble de dérailleur trouve que c'est le bon moment pour lâcher. La bonne nouvelle, c'est que depuis que je l'ai changé, les vitesses sont réglées parfaitement. Le problème venait donc de la...

Chose merveilleuse au Kirghizistan, les camion s'arrêtent sur un signe de la main. Le premier ne va pas loin, donc je le laisse partir, mais le second va presque a Bishkek, donc j'embarque vélo et bagage au sommet d'une montagne de patates, et roulez jeunesse ! A 22h30, je suis a Tokmok, 70km de Bishkek. Je donne a mon chauffeur les 20 dollars convenus, ce qui est bien généreux, mais je suis un très mauvais négociateur, et il faut avouer qu'il m'a retiré une belle épine du pied. Je comptais en plus m'incruster chez lui pour la nuit, mais il reste dormir dans la cabine de son camion et il me propose une place a cote de lui. Comme c'est ça ou camper dans une sorte de parc dans les faubourgs de cette ville inconnue, j'accepte mais cette fois-ci, je négocie bien : 0 dollar la nuit.

Au levée du soleil, je prends congé de mon chauffeur et roule a fond vers la capitale, pour retrouver ce qui est devenu mon second foyer : Sakura Guesthouse.

Je rencontre sur la route un américain qui voyage (accrochez-vous) en triathlon ! Partie de Londres a la nage pour gagner la Manche puis Calais, il pédale depuis et projette de se mettre a la course pour le final, rien de moins que l'Hymalaya ! Maintenant, quand les gens me disent que je suis courageux, ou fou, j'ai un plus brave, ou cinglé, que moi a leur fournir.

Voilà. C'était rapide et sans photo mais je voudrais profiter d'un diner avec un groupe de japonais et un anglais rencontrés a l'auberge, donc je ne traine pas...



Merci pour les mails et les commentaires.



A bientôt, peut-être de la Chine, cette fois !



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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 10:35

 Hier, je parcourais le voyage-forum a la recherche d'info quand un message intitulé « la solitude en vélo » a attiré mon attention. Comme beaucoup d'entre vous me pose cette question, voici un copié-collé de ma réponse.

 

La discussion est consultable ICI.



Je suis assez surpris de lire que tant de gens souffre de la solitude a vélo... Je suis sur les routes depuis presque 6 mois maintenant et je ne souffre pas de la solitude. Je suis peut être un ours... Mais je trouve que je suis rarement seul. Sur la route, les gens me saluent, et pas seulement les piétons, mais aussi les voitures (combien font même marche arrière pour se mettre a mon niveau et discuter avec moi pendant que je roule !), les ouvriers de la routes, les policiers etc... Souvent j'aimerai être plus tranquille ! Même en camping sauvage, a chaque fois que je plante la tente au milieu de nul part, un berger vient tranquillement me saluer et voir qui est cet énergumène perdu dans la montagne...

Après, c'est sur, le soir, c'est sympa d'être 2 autour du repas mais comme disait un message précédent, avec la fatigue et la nuit, on se couche bien vite et on dort longtemps, donc a part un bouquin, histoire de se changer un peu les idées avant de dormir, je ne manque pas de compagnie.

Le coup du MP3 ça doit bien aider aussi. J'ai fait le pari de m'en passer, et j'avoue que ce n'est pas toujours facile. Mais sans musique, on a toujours une chanson dans la tête, donc je fredonne, je siffle, voire je chante (j'ai imprimé des paroles en prévision des trous de mémoire).

Après il y a les dortoirs et autres guesthouse, dans les grandes villes. C'est toujours plein de backpakers qui sont ravis de discuter et de partager un repas. Aujourd'hui par exemple, je viens d'arriver a Karakol, ville moyenne du Kirghizistan, je suis aller manger dans un petit restau recommander par le LonelyP. Et je suis tombé sur deux autres touristes, avec qui j'ai maintenant rendez-vous pour diner... Tout ça pour dire que les rencontres sont faciles a créer lorsqu'on est seul.



De toute façon, pour moi, « être seul » ce n'est pas souffrir de la solitude. La solitude, c'est quand il n'y a personne qui ne pense a vous et a qui vous pouvez penser en retour. Famille et amis m'attendent au pays et m'attendront encore longtemps. Chaque nuit je rêve de tous ces gens qui ont peuplé ma vie avant le départ, je ne rêve pas de visages russo-sino-mongols inconnus...



Donc a ceux qui ont peur de la solitude, voici mon conseil : assurez-vous que quelqu'un pense a vous et peu importe les kilomètres qui vous séparent. Dans cette optique, garder contact est donc assez important, pour entretenir ces liens. Un petit mail, une carte postale, un coup de fil aident a ce que la relation perdure malgré l'absence. Pour moi, ça passe essentiellement par un blog. Ça demande du temps de rédiger des articles et de mettre en ligne des photos, mais je suis payé en retour car mon expérience devient celle de dizaines d'autres personnes. Et quand je me retrouve tout seul devant ce couché de soleil magnifique, je prends une photo et je pense aux mots avec lesquels je vais le décrire et décrire mes émotions. Ce faisant, je suis tout sauf seul.



Bonne route a tous, seul ou a plusieurs !



Voilà. Vous voilà prévenus de l'importance que vous avez pour moi !

 

Bises et a bientôt.

 

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 04:58

 

 

Me voici donc reparti. Premier coup de pédale... Et merde ! Mal au genou. Même douleur, même endroit. 11 jours sans vélo et je ne suis même pas sorti de la rue de la guesthouse que mon genou me lance a chaque flexion. Bon, c'est sans doute parce que je suis encore froid... Roulons pour voir. Je sors de la ville, sans en sortir vraiment puisque la longue route qui va occuper ma journée est une succession de villes et villages dans la continuité de la capitale. Bref c'est moche. Tout comme mon genou. Je roule 30 km en tentant différentes positions, des pauses, des étirements... Je réfléchis sérieusement a rebrousser chemin, mais pour faire quoi ? Rentrer a l'auberge pour attendre 11 jours de plus ? Pour consulter un médecin qui m'enverra faire une radio puis me dira : « je ne vois rien », ou « arrêtez le vélo », ou un autre truc peu rassurant. Ou demonter le velo, l'envoyer en France (ou au diable !) et continuer le voyage en transports en commun. Non, pas moyen. Il faudra bien que je reparte un jour, donc essayons aujourd'hui.  

 

Je roule donc la matinée, avale un laghman (bol de nouilles avec viande et legumes) et repars. Ce repas est l'occasion de constater que j'ai a peine plus de 2 euros en poche... Le pays a beau être peu cher, ça fait quand même un peu court. Je retirerai a la prochaine grande ville, qui n'est pas tout a fait sur ma route. Cet oubli m'oblige a faire 10 km de plus (dont je me serai bien passés, vous imaginez) pour... ne pas trouver de DAB, mais seulement un bureau de change qui me transforme 20 dollars en 900 Soms (et oui, ici on paye en som...). Ça suffira bien.



Après avoir quitter cette longue route droite, je bifurque vers la montagne et commence a grimper, légèrement, avant de me poser pour la nuit. Elle sera bruyante car les ruisseaux qui coupent le chemin au bord duquel je me suis posé n'empêche pas la circulation, même en pleine nuit !

 

RIMG3926 Aux pieds de la montagne.



Le lendemain ça grimpe, donc. 12 km pour arriver au dernier village, aux pieds de la montagne. Un peu d'eau pour la journée, un gros pain, et je suis parti. Le genou est sensible sans être un gros handicap non plus. Et ça reste stable au long de la journée, donc je continue.



A 15H, j'ai fait 30 km et grimpé de 1000m (de 860 a 1860 environ) Il me reste 20km et le col se passe par un tunnel qui est sensé être a 3500m... En Turquie, j'avais déjà monter 1000m en une grosse matinée, mais je commence a me dire que 2700m dans la journée, c'est bêtement ambitieux... Je vais donc sans doute le faire en 2 jours. Sauf si... un camion passe, me salue, je salue, je faire signe de grimper, il s'arrête, c'est gagné. Je cours jusqu'à la cabine et fait le mime pour dire qu'il y a un tunnel au bout et qu'il est plutôt dangereux pour un vélo (mal asphalté, mal aéré, étroit et pas éclairé...). Donc mon gaillard prends vélo et bagages dans sa benne et c'est parti pour la grimpette facile ! Enfin, facile pour moi car le camion en bave. Il ne fait pas plus de 15 km/h. La route continue un moment comme avant, passant d'un coté puis de l'autre de la rivière, puis arrivé au fond de la vallée, les lacets commencent et la je dois dire que je prends la mesure de ma « bête ambition ». La route serpente sur la même paroi, s'élevant inexorablement jusqu'à des hauteurs impressionnantes, desquelles on finit par voir la route sur laquelle on était il y a une heure, tout en bas... Terrifiant. Je suis décidément bien content d'avoir embarqué a bord d'un camion ! Puis, en haut, vient la neige et finalement le tunnel, glauque a souhait. Mais une fois de l'autre coté, quelle vue. Le soleil brille, même si c'est la fin de journée, et la vallée s'étend 1500m plus bas. Je fais signe a mon chauffeur que je ferais bien la descente a vélo, donc il me laisse descendre et le remercier chaleureusement. Le temps de remettre les bagages sur l'engin et de prendre quelques photos, je file a toute allure vers la plaine.

 

VIDEO ICI

 

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Mon sauveur, pardon, chauffeur.

 

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Arrivé en bas, j'ai juste le temps d'aller jusqu'au prochain village prendre de l'eau et trouver un coin idyllique, au bord d'un ruisseau et avec des montagnes dans toutes les directions, le soleil se couche.

 

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Au réveil, je constate sur le thermomètre qu'il fait 0 degré dans la chambre de la tente ! Et effectivement, quand je sors, tout est givrée. La tente, le vélo et l'herbe sont tout blanc. J'attends donc avec impatiente les premiers rayons directs du soleil pour que tout ça fonde puis sèche...

 

 Je commence par me ravitailler dans des petits villages, mais ici les magasins sont peu fournis. Puis je descend la vallée de Kojomkul. La piste est mauvaise (sable, graviers, cailloux et taule ondulée) mais les parois rocheuses de part et d'autres de la rivière rivalisent de formes et de couleurs. Ne pouvant en rendre le charme par des photos trop étroites, je tente quelques petites vidéos, sans commentaire : ICI et LA.

 

 

RIMG4003 



Je perds un peu de temps a réparer une crevaison, puis a chercher une fontaine et/ou un magasin dans un village qui n'a ni l'un ni l'autre. Finalement, ce soir je pompe l'eau d'un ruisseau dans mon filtre et c'est bien suffisant.



Avant de redecoller, je tente de régler mon dérailleur arrière, toute une poésie que cette petite pièce indispensable mais souvent versatile ! Quelques courses plus conséquentes a Chayek (je trouve même des oranges !), pique-nique au bord de la route puis je quitte les berges de la rivière pour m'élever lentement vers la montagne. L'asphalte, c'est fini pour plusieurs jours ! Et la route caillouteuse est épuisante en montée. Je pédale plusieurs heures pour arriver aux portes des gorges qu'il va me falloir remonter vers Song Kol (Kol signifiant « lac »).

 

 


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Je campe dans le lit de la rivière, au milieu du vent et des cailloux, mais pas le choix ce soir.



Le lendemain, je traverse le dernier village indique sur ma carte, mais en fait de village ce ne sont que quelques baraquements des ouvriers de la mine de charbon. Pas de pain. Il va falloir économiser ce qui me reste...

 

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Ce jour-la, je monte mes 1000m de dénivelés (de 2250 a 3250 environ) dans un paysage superbe. D'abord les gorges, puis les lacets partant a l'assaut du col, et enfin le col en lui-même, tutoyant les sommets enneigés alentour. La montée m'épuise mais quelles récompenses :

Vidéo pendant, ICI

vidéo au sommet, LA



Ça y est, je suis a Song Kol. L'endroit est mythique et m'a bien fait fantasmer depuis que je prépare ce voyage. Je redescend vers le lac et commence a en faire le tour. Encore pas mal de kilomètres avant de l'approcher au plus près mais dans quel décor ! Les prairie jaunies parsemées de ruisseaux qui descendent en serpentant vers des eaux d'un bleu profond, le tout entouré de collines brunes et de roches couvertes de neiges. Les dernières yourtes de la saison et leurs troupeaux de chevaux, vaches, chèvres et brebis ajoutent un peu de vie a cet ensemble sauvage.



Ce soir, camping avec vue, et un cavalier qui vient me saluer et repart dans le couchant.


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Je suis a 3000m cette nuit mais j'ai pris mes précautions et je n'aurait pas froid, malgré les 2degres dans la tente au matin. Mais pas le temps de trop trainer, j'ai aujourd'hui encore une longue journée qui m'attend. La matinée m'est nécessaire pour faire le tour du lac, sur une piste rarement plate, toujours caillouteuse et qui fait bon nombre de détours. Puis l'ascension du col me permettant de sortir de ce bassin commence, sous la menace des nuages, qui me protègent un peu du soleil mais pourraient bien se mettre a neiger d'un moment a l'autre... Autre sujet d'inquiétude, après le déjeuné, je n'ai plus de biscuit ou de pain, donc c'est chocolat et cacahouètes pour me donner des forces !

Heureusement, une famille qui s'apprêtait a se mettre a table m'invite a partager son repas sous la tente (une yourte coute quand même assez cher...). Un bol de laghman et quelques gorgées de Kumis (lait de jument fermentée) complète donc mon déjeuner. D'un point de vue gastronomique, c'est plutôt mauvais mais le goût de la rencontre et de la générosité prime sur le reste.



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On a essayé de me refiler la femme en rouge. Pour rigoler, j'espère...



Ils m'indiquent le sommet a 3 km. Je repars donc confiant, mais je me rends compte dans la montée que mon bandeau d'oreilles est tombé de ma poche... Je fais 500m a pied pour tenter de le retrouver mais sans succès. Dois-je redescendre plus bas... pour remonter ensuite. Le choix est difficile mais non, au diable ce bout de tissu, j'en trouverai un autre !



Ce sera non pas 3 mais 6 km qui m'amèneront finalement en haut, après « seulement » 400m d'ascension. Ce qui m'entraine tout de même a 3450m, ma plus haute altitude jusque la, immortalisée dans une vidéo ICI.



La vidéo prise « sur le moment » doit bien refléter mon état d'esprit du moment : usé mais heureux. Et la descente qui m'attend vaut aussi tous ses efforts. Je m'arrête souvent pour prendre en photos les vallées qui s'ouvrent progressivement a mes pieds. Mais ces nombreux arrêts ne sont pas suffisants pour laisser refroidir les patins de freins qui, malgré le froid, chauffent jusqu'à sentir le caoutchouc brulée ! Bon courage a ceux qui veulent aborder Song Kol par l'ouest (la route principale selon les cartes) !

 

RIMG4059 Une vue magistrale parmi tant d'autres !



J'ai envie de pain pour le petit déjeuner, donc je pousse jusqu'au prochain village, ou on me regarde arriver avec encore plus de curiosité qu'a l'accoutumée... Je fais encore un kilomètre ou deux et me pose entre les dunes de roches, au soleil couchant. La parenthèse Song Kol se referme. La suite devrait être moins exigeante.

 

 


La journée suivante commence par une cote courte mais rude qui a néanmoins le mérite de m'offrir un dernier panorama sur la vallée que je quitte.

 

 

 

Puis ça descend et surtout je retrouve le bitume ! Je peux donc laisser rouler un peu... Le midi, je déjeune rapidement dans un petit café au bord de la route (oui vous avez devinez, laghman!) ou de si charmants bambins me harcellent pour que je les prenne en photos, mais aussi pour que je leur donne de l'argent ou a manger, ou n'importe quoi. La petite a droite surtout, qui me demande a manger alors qu'elle a une glace dans la main !

 

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La route est sympa, je pédale peu et dépasse les troupeaux qui redescendent de la montagne. Mais même en descente je sens que je fatigue. Les derniers jours et la cote de ce matin me reste dans les genoux... Je fais une pause a Kochgor pour changer 20 euros et trouver un internet qui ne fonctionne qu'a moitie. Puis je quitte la ville, décidé a me poser tôt. Les prairies me font de l'œil mais elles sont un peu trop proches de la route et des habitations a mon goût donc je pousse jusqu'au réservoir, un grand lac artificiel. Celui-ci se révèle être de toute beauté. Le sable, les oiseaux, les odeurs de sels, tout y est pour me rappeler la mer. Même... le vent, qui souffle comme un enragé. Ajoutez a ça un sol pierreux ou il est impossible d'arrimer la tente... Je fais une tentative plus qu'inutile pour descendre vers la « plage » mais tout ce que j'y gagne, c'est pousser le vélo dans le sable et les graviers en m'épuisant pour remonter sur la route. Je continue donc puisqu'aucun abris ne s'offre a moi. Ça grimpe et rien ne change. J'ai faim, j'ai mal au genou... Vaincu, je prends un chemin perpendiculaire a la route et vais planter la tente en plein vent, juste avant que le soleil ne se couche...

 

 RIMG4078

Le reservoir.

C'était la journée de trop je crois et le lendemain je sens que mon genou ne va pas du tout être d'accord pour repartir. Je passe la matinée a lire et a faire de la mécanique (toujours ce dérailleur possédé par le démon !) puis décolle vers 13h, pour arriver au lac d'Issyk Kol, prendre de l'eau au premier village et planter la tente avant 15h, dans l'herbe grasse et abrité du vent par un bosquet d'arbre, pour changer.

Une petite vidéo en roulant, ICI

(merci d'apprécier la technique de cadrage finale !)

 

RIMG4084

Le lendemain, le genou est encore sensible. Je le ménage tant que je peux et change mille fois de position pour pédaler. Un peu de pluie, un peu de montées, mais je redescend finalement vers le lac pour le soir. Le temps est couvert et c'est bien dommage car a chaque éclaircie je prends la mesure de la beauté des lieux. Le lac, immense, et les cimes enneigées de part et d'autres.

 

Ce soir la je campe entre un champs et un ruisseau avec vue sur le lac d'un coté et les montagnes de l'autre.

 

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 Les couleurs ne sont pas truquees. Vive l'automne !

 

Encore une autre journée pour arriver a l'autre bout du lac. Le genou se tient a peu près tranquille tant que je ne force pas trop. Ça finira par se résorber avec le temps. En tout cas la douleur n'a plus rien a voir avec ce que c'était au tout début, avant de me reposer a Bishkek.

Le lendemain, on change de décor. Après une matinée sur la route principale, je bifurque vers la vallée de Yeti Otuz pour une petite randonnée dans la montagne. De toutes les vallées superbes autour de Karakol, celle-la semble être accessible aux véhicules et également une des plus belles donc.

 


Me voilà grimpant vers le village, puis vers l'extrémité « civilisée » de la vallée puis sur un chemin entre les parois rocheuses. On se croirait en plein grand Nord canadien !

 

RIMG4125 



Après 5 km, le chemin s'ouvre sur une superbe vallée, habituellement peuplée de yourtes accueillant les randonneurs. Mais la saison est finie et j'ai tout cette espace pour moi tout seul !



Voir mon arrivée ICI.



Ce soir, diner au feu de bois, sous les étoiles.



Et la nuit ne sera pas terrible, car j'aurai un peu froid et surtout je serai souvent dérangé par un animal non identifié venant roder autour de la tente et même subtilisant ma poubelle... Au matin, tout est gelé et je plie bagage sous un soleil malheureusement un peu voilé qui ne chauffe pas beaucoup.

Peu importe, a midi, je serai dans une ville, avec un vrai lit, un vrai douche et un repas chaud au restaurant (le mot de restaurant est un peu fort, vous vous en doutez...).

A peine arrive au restaurant, je tombe sur un couple de londoniens a qui je donne rendez-vous pour diner, dans un endroit qui ressemble déjà plus a ce qu'on appelle un restaurant dans notre douce France. On s'offrira même une bouteille de vin moldave tout a fait buvable (heureusement, elle est plus cher que ma chambre!).

Voilà, je me suis donc bien reposé a Karakol et je repars demain vers la frontière de toutes les incertitudes. Mais je suis confiant. En faisant pitié avec mon vélo, ma barbe et mon visa arrivant a expiration, je devrai passer. J'ai même acheté un paquet de cigarette pour corrompre les gardes frontières s'il le faut. Comme vous voyez je ne recule devant rien !



Voilà. Profitez de l'album photo du Kirghizistan, j'en ai mis un paquet.

 

Prochaine nouvelle, qui sait ? Peut-être serai-je... en Chine !!!!!!

 

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 08:46

Salut a tous.

 

Un minuscule message, surtout pour rassurer les parents car je n'arrive pas a envoyer de mail.


Tout va bien donc. J'ai fait Song Kol. Tres beau. Mieux que ca meme, vous verrez les photos et videos des que j'aurai trouve un internet potable, ce qui veut peut etre dire un moment !

 

 

Direction Issyk Kol maintenant. Le genou se fait encore sentir mais le plus dur est derriere moi (des cols a plus de 3200m). Et les paysages ont largement recompense les efforts.

Prochaines nouvelles depuis Karakol normalement.

A bientot

Remy

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 11:12

« Ça y est ! » comme crient les enfants. J'ai enfin mon visa chinois. J'ai payé 140 US$, ce qui semble être un prix correct et, pour tout vous dire, j'étais prêt a mettre beaucoup plus tant ce simple bout de papier était indispensable a la suite de mon voyage. Après bien des inquiétudes a ce sujet, je suis enfin libéré. J'ai encore 19 jours de visa kirghize (qu'il faudra peut être étendre, mais c'est apparemment une simple formalité), 60 jours pour ma seconde entrée au Kazakhstan, puis 30 jours en Chine. De quoi donc rouler tranquillement pour un moment. Après viendra le temps de renouveler le visa chinois une, puis 2 fois, mais si l'opération me met une nouvelle fois a la merci des autorités chinoises, au moins cette fois-ci serai-je déjà dans le pays !

 

 

Je m'apprête donc enfin a quitter Bishkek pour aller visiter ce pays qui m'attire tant. La saison est un peu avancée, mais tant qu'il y a du soleil, ce n'est pas grave. Je ne suis pas venu la pour faire de l'alpinisme ! Au moins, je suis sur d'éviter les foules...

 

Au programme, le « tunnel de la mort » (a prendre en camion, je vous rassure...), puis la vallée de Suusamyr, direction Song Kol (si la météo le permet), soit un des plus beaux endroits du monde selon l'avis de nombreux voyageurs, puis Issy Kol, le second plus grand lac d'altitude du monde. Arrivé a Karakol, deux possibilités : soit la frontière avec le Kazakhstan a rouverte et je file rapidement vers la Chine, soit elle est encore fermée, et je me tape un légerdétour de 1000 km pour repasser par Bishkek puis refaire le même trajet dans la région d'Almaty pour me retrouver a quelques dizaines de kilomètres de la ou j'étais avant... Autant vous dire que si la frontière est ouverte, c'est champagne. Mais comme je ne suis pas du genre a faire des plans sur la comète, j'attendrai d'être a Karakol pour me renseigner sur ce point.

 

Petit dernier aperçu de Bishkek. J'ai oublié de vous parler des visages. Ils sont d'une telle diversité que l'on peut s'assoir sur un banc et juste regarder les gens passer, c'est déjà un voyage ! Du faciès franchement chinois au mongol, en passant par tous les types de visages asiatiques, du plus clair au plus brun, avec en même temps des influences turcs et arabes encore présentes et renforcées par les pratiques issues de l'Islam. Grâce aux russes, on voit au milieu de tout cet exotisme nombre de personnes qui pourraient être de n'importe quel pays d'Europe. Des écolières blondes en socquettes blanches, des grands types roux, des vieilles femmes semblant débarquer d'Europe de l'est avec leur fichu couvrant les cheveux. Ajouter a cela les métissages et vous pouvez chercher dans la généalogie éclectique de chacun le même émerveillement que l'on cherche généralement dans la contemplation des architectures au influences multiples. Bref, j'ai l'impression de répéter cela a chaque fois, mais Bishkek est, comme les autres, une ville carrefour ! Et ça fait du bien de voir tout ce petit monde coexister avec bonne humeur.

 

Sur ces paroles optimistes, je vous souhaite une bonne journée a tous.

 


 

RIMG3919

Ces deux grands gaillards anglais ont repris la route 2 jours avant moi.

 

On the road again !!


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