Salut a tous.
Je suis arrivé hier a Phnon Penh, capitale du Cambodge. Je reprends donc le récit ou je l'avais laissé, c'est a dire a Hué, au milieu du Vietnam.
Je garde un excellent souvenir du séjour dans cette ville. L'auberge était presque plus un bar avec des lit qu'un hôtel donc, malgré la musique assourdissante, l'endroit restait propice aux rencontres. Après la citadelle, dont je vous avais parlée, j'ai visité une pagode et une des nombreuses tombes impériales de la région. Le tout accompagné par Mathias, un suisse voyageant également a vélo.
Moment paisible a prendre le thé avec des moines et nonnes « zen »
Bien que l'endroit soit très touristique, le mausolée impérial est également un lieu qui respire la paix. On déambule parmi les vestiges, allant des bâtiments intactes aux ruines mangées par la verdure (par manque d'entretien, car les bâtiments ne datent « que » du XIXe). L'atmosphère est propice au recueillement. Points de vue, tombes, lac et son ile, pagodes fraiches et arbres ombrageux. La qualité du repos est a la hauteur des responsabilités qui ont tourmenté l'empereur de son vivant.
La porte au fond du jardien (c'est pas une blague).
Le raffinement des temples vietnamiens n'a rien a envier a ses homologues chinois, avec même un certain laisser-aller de la nature qui rajoute la touche authentique qui manque souvent a certains hauts-points touristiques d'Asie.
En repartant finalement d'Hué, j'ai 145 km pour arriver a Hoi Han, qui semble être un des autres « incontournable » du Vietnam. Entre les deux, une route qui longe la cote a une certaine distance et un petit col qui sépare physiquement le Nord et le Sud du pays. L'ascension est belle et calme, car voitures et camions traversent la montagne par un tunnel. Je cherche une petite plage tranquille pour mon étape du soir mais pas un chemin ne s'écarte de la route. Il faudrait crapahuter un moment pour attendre l'eau, alors avec tout mon chargement, je suis condamné a continuer jusqu'à une zone industrielle, puis finalement a la ville de Danang. Ne voulant plus m'arrêter sur une si bonne lancée, je continue a pédaler frénétiquement avec l'idée d'arriver a Hoi Han des ce soir, mais une erreur d'aiguillage a la sortie de la ville me fait perdre cet espoir et j'ai finalement juste le temps de me trouver un coin dans les dunes quand la nuit tombe. Il me restait 20 km, ce sera pour le lendemain, ce qui me permettra du coup un petit détour par la plage. En trouvant un endroit a l'écart des resorts, au bord de l'eau, je tombe sur un couple de cyclistes russes, qui ont passé la nuit la. On discute un peu, mais il partent pour Ho Chi Minh ville le jour même, en bus. Le bain est savouré comme il se doit, malgré les rouleaux et le ciel nuageux.
Vue pendant l'ascension. La voie ferree passe en contre-bas.
La « vieille » ville de Hoi Han, inscrite au patrimoine mondiale de l'humanité tout de même, se révèle être pour moi un attrape touristes dont je me serai bien passé. Certes, les bâtiments sont anciens, il y a un joli pont couvert construit par les marchands japonais, le port a un longue histoire de commerce cosmopolite... mais tout ce que je vois se sont les mêmes magasins flashy qui vendent a l'infini les mêmes chaussures, tee-shorts, livres, souvenirs etc... J'ai l'impression d'être a disneyland. Bref aucun caractère, aucun charme et pour être honnête aucun intérêt.
Mais si, le pont japonais est au fond !
Je repars donc un peu déçu, le lendemain matin. J'avais pour projet de profiter de la cote, mais la route passe assez loin de la mer, et de toute façon le temps est a la bruine et surtout au vent. Le jour suivant, je bifurque donc pleine ouest pour m'enfoncer dans l'intérieur du pays. Les paysages changent mais c'est surtout quitter la route numéro 1 et ses klaxons infernaux qui me fait du bien.
Les vietnamiens ne sont en effet pas près de s'ouvrir au concept de nuisance sonore. Ceci ayant également pour effet de les pousser a s'installer inlassablement le long des routes. Difficile donc de trouver un endroit sans maison pour planter la tente. Je me retrouve donc a débuter l'ascension d'un col a la nuit tombante, pour finalement planter la tente a proximité de la route. Enfin, comme l'expérience me l'a appris, s'il est toujours mieux d'être planqué, a choisir, il vaut mieux être visible de la route que des habitations car il n'y a pas gêneur plus assidu que le voisin. La preuve, cette fois-ci encore, car les rares véhicules a passer par la le soir et le matin ne prendront pas la peine de s'arrêter pour venir satisfaire leur curiosité.
Le bord de la route, c'est parfois joli aussi.
Ce jour la et le suivant, j'ai également eu le plaisir de faire la connaissance de ce que je considère a l'heure actuelle comme la pire espèce de la Création, la seule a avoir détrôné l'infâme moustique de ce piédestal. Une seule chose devrait suffire a vous rallier a mon jugement : sa bouche est est la partie la plus large de son corps... Ça ne vous suffit pas ? Elle est vive, se déplace a une vitesse ahurissante pour un être qui n'a ni aile, ni pattes, ni nageoire d'aucune sorte et sait se hisser sur les plus hautes herbes pour attraper le malheureux qui passe a sa portée. Vous en voulez encore ? C'est marron, visqueux et si caoutchouteux que ca résiste a toute les formes d'écrasement que j'ai pu expérimenter. Pour une longueur de 4 a 6cm et un diamètre d'1 a 2 mm, possédant 2 cœurs et une ventouse a chaque extrémité, mesdames, messieurs : la sangsue terrestre !
Bon, vous m'excuserez de ne pas avoir pris de photos des spécimens que j'ai pu retirer de mes chaussure et DU spécimen que j'ai retiré de ma cheville... mais j'étais occupé a découper ces individus en petits morceaux.
Pour continuer la parenthèse animalière, sachez qu'après plus de 9 mois de voyage, j'ai « enfin » vu mes premiers serpents vivants en liberté. Il y a quelques jours, j'en ai même vu un fuir sous mes roues, ce qui est plutôt rassurant : il fait comme les autres, il fuit l'homme ! Espérons que les crocodiles suivrons sont exemple. Hein ? Qui a parlé de crocodile ? Mais non, il n'y a pas de crocodiles au Cambodge...
La traversée du Vietnam a été l'occasion de croiser un paquet d'insectes bizarres. Certains inoffensifs, comme la mini-araignee de mer produisant un suc qui fait se coller sur tout son corps la terre rouge des environ, et d'autres moins, comme le petit scorpion que j'ai écrasé un soir sous ma tente, ou encore les fourmis rouges. Croyez moi, ca fait mal et quand vous croyez qu'il n'y en a plus sur vous c'est que vous êtes a la moitié ! Mais tout cela est largement compensé par les centaines de merveilleux papillons que j'ai pu observé. Toutes ces couleurs et ces formes ! Certains si grands que leur voilure égale celle des petits oiseaux. Un régale. Mais la encore, dur de les prendre en photo, donc ce n'est que pour mes yeux.
Mais revenons a nos moutons (de gentils bêtes que celles-la !). Après une journée sur la tranquille route 24, et une belle nuit dans une foret de pins (mes préférées, pour l'odeur de vacances), j'atteins Ko Tum, sur la route 14. C'est le prolongement de la route Ho Chi Minh, qui traverse les hauts plateaux du centre du pays. La circulation se refait un peu plus dense, mais pas méchante non plus. L'habitat de bord de route se densifie a nouveau, ce qui me pousse a me réfugier la ou je peux. Je camperai une nuit au milieu d'un cimetière.
Typique !
Le sol de terre rouge, la chaleur et le dénuement me font penser a l'Afrique, mais la région n'est pas si sèche et on retombe rapidement sur des rizières dont le vert éclatant n'a pas d'égale. Je croise aussi pas mal de plantations d'hévéas, l'arbre a caoutchouc , grand et dépourvu de branches basses, qui fournit de tranquilles oasis de fraicheur. J'avais prévu de prendre un hôtel sur la route, mais, soit que j'ai atteint la ville trop tôt, soit qu'ils aient été trop cher, j'ai toujours finis par camper.
Ayant envie de changer un peu mon quotidien sur cette longue route 14, je prends une bifurcation qui m'entraine vers des contrées plus reculées encore. C'est joli, plus sauvage et plus tranquille, mais je le paie en effort par 50 km d'absence de goudron : cailloux, graviers, terre battue, ou non, sable et même 20 cm d'épaisseur de poussière rouge microscopique. J'aurai eu un florilège de se qui se fait d'inconfortable et de salissant en la matière.
Après avoir retrouvé puis quitté a nouveau la route 14, je profite de la tranquillité relative de petites routes de campagne. Et quand je dis « campagne », la seule chose qu'il faut entendre c'est avec plus de 100m entre chaque habitation.
Je dois bien le confesser, je suis un peu en mode « routier ». Pas beaucoup d'endroits ou jouer le touriste sur ces routes. Et je vois se rapprocher la frontière cambodgienne avec un certain plaisir. J'y arrive le mercredi 23 février, au soir. L'heure est venue de faire le bilan de cette aventure vietnamienne.
39 jours, dont 27 sur la route. 2474 km, soit une moyenne de 93.63 km et environ 6 heures de vélo par jour. Première constatation : le Vietnam d'un bout a l'autre, c'est long !
Une seule crevaison, mais spectaculaire. Un gros clou qui aurait probablement eu raison d'un pneu de voiture et qui s'est enfoncé jusqu'à aller taper sur la jante pour les 4 tours de roues suivants. Enfin, après les 12 crevaison chinoise, une seule pour le Vietnam, c'est beau !
Quand aux Vietnamiens eux-mêmes, les précédents messages n'étaient pas vraiment en leur faveur, et même si cela c'est amélioré en descendant vers le Sud, je reste réservé sur l'attitude qu'ont eu certains a mon égard.
Évidemment, il y a des gens adorables, honnêtes et même courtois. Mais cette majorité s'efface devant le bruit que font les autres. Deux jours au Cambodge ont su me montrer a quel point les Vietnamiens étaient excités, intrusifs et rudes dans leurs manières. C'est une constatation récurrente (voir le commentaire de Mathieu), donc elle doit avoir un fond de vérité.
Faut-il pour autant éviter le Vietnam ? Certainement pas car il y a beaucoup de belles choses a voir. Seulement a le faire entièrement a vélo on risque sans doute l'overdose. Et c'est tellement facile de visiter le pays en backpacker. Quitte a sortir des sentier battus, la moto serait même a mon avis mieux adaptée au pays. En tous cas les locaux font partie de ceux qui donnent au vélo couché un sacré inconvénient : pas moyen de s'arrêter de rouler sans que quelqu'un, piéton ou motard, voire camionneur, stoppe pour inspecter ce véhicule étrange. Et même quand je roule, combien m'ont suivi sur 1 km ou 2, en vélo ou en moto, pour satisfaire leur curiosité ? Trop de cris sur mon passage, trop de « hello » loin dans mon dos.
Bref, le Vietnam et ses habitants m'ont usé. Ce n'est pas un hasard si c'est en traversant ce pays que j'ai pour la première fois remis en question la longue durée du projet initial (voir le message précèdent). Enfin, je compte sur les Cambodgien et les Laos pour me faire repartir du bon pied. C'est déjà en cours.
Voilà pour le Vietnam.
J'ai toujours la sensation d'etre trop chargé...
Je vous en dirais plus sur mes débuts au Cambodge dans quelques jours.
Merci pour vos messages et commentaires.
A très bientôt.